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gorge, le bas du cou et le ventre, seroient uniformément rouges : dans
Buffon l’oiseau est entièrement jaune, écaillé de rouge ; et s’il falloit
s’en rapporter aux figures qu’en ont publiées Brown, Klein et Catesby,
ce seroit encore autre chose. Mais toutes ces descriptions et ces figures
ont-elles été faites d’après nature ? Les naturalistes qui les ont publiées
avoient-ils bien réellement vu chacun un individu de leur Perroquet
de Cuba, ou n’ont-ils fait que se copier les uns les autres, et fort
inexactement, comme cela arrive presque toujours ? Pour ne citer à
cet égard que Brisson, il est à peu près hors de doute qu’il n’a jamais
vu l’oiseau, puisqu’il n’indique pas le cabinet où il l’auroit vu ; ce
qu’il ne manque jamais de faire en pareil cas : sa description d’ailleurs
paroît n’être qu’une copie de celle de Catesby. Or le Perroquet jaune
écaillé de rouge, que nous donnons ici, non d’après les autres, mais
d’après un individu que nous avons v u , bien examiné et comparé
à d’autres Perroquets, notamment à toutes les variétés de l’Amazone,
nous a présenté tous les caractères de formes de ce dernier, dont il
n’est, nous le croyons fortement, qu’une variété accidentelle. Je présume
fort aussi que le Perroquet de Cuba de Brisson, ou plutôt celui
de Catesby, plus petit que le mien, n’est qu’une variété accidentelle
de notre Perroquet à face rouge ; variété chez laquelle le rouge de la
face, du ventre et du dessous de la queue, se seroit non - seulement
conservé dans toute sa pureté, mais où il auroit abondé au point de
se porter en bordures sur toutes les plumes vertes devenues jaunes.
Les pennes alaires étant d’un bleu pâle dans l’espèce du Perroquet à
face rouge, seroient devenues blanches dans le Perroquet de Cuba de
Brisson, tandis que celles de l’Amazone, qui les a gros-bleu, ont dû,
en se dénaturant, prendre un ton plus gris, comme elles l’ont en effet
dans le Perroquet de cet article. Cependant ce que nous disons ici du
Perroquet de Cuba de Brisson n’est, nous le répétons, qu’une conjecture
; il faudroit, pour asseoir un jugement à ce sujet, que nous eussions
vu en nature l’individu décrit par ce naturaliste ou par Catesby :
ainsi les naturalistes feront sagement d’attendre, pour prononcer sur ce
Perroquet, qu’il se présente quelque occasion d’observer par soi-même
un de ses individus à gorge et à ventre rouges. Quant à moi, c’est la
persuasion où je suis qu’il n’est aucun Perroquet vert qui, portant
du rouge dans son état parfait, ne puisse, en se dénaturant, devenir
jaune plus ou moins écaillé de rouge, comme nous lavons prouvé
par plus d’un exemple; c’est, dis-je, cette persuasion qui me fait
élever des doutes sur l’existence, comme espèce, de cet oiseau.