
 
        
         
		Ü R E L L E   
 que  le  petit Yaza.  Je  ne  l’ai  
 18  H I S T O I R E   N A T 
 si  aimable,  de  si  doux  et  de  si  caressant 
 jamais  vu  mordre  personne.  Timide  d’abord,  avec  les  gens  qu il  ne  
 connoissoit  pas,  celui  que  j ’ai  eu  finissoit  par  rendre  toutes  les  caresses  
 qu’on  lui  faisoit.,  et  exprimoit  le  plaisir  qu’il  en  ressentoit  par  
 une  sorte  de  cri  cadencé  qui  n’avoit  rien  de  désagréable.  Il  apprenoit  
 facilement  à  siffler  une  partie  de  différens  airs, mais jamais je   n’ai  pu  
 lui  apprendre  à  répéter  des mots.  Lorsque je   sifflois  un  air,  il  écoutoit  
 avec  la  plus  grande  attention  et  le  répétoit  seul  jusqu’à  ce  qu’il  l’eût  
 appris.  Il  étudioit  aussi  et  finissoit  par  imiter  parfaitement  tous  les  
 sons  qui  frappoient  son  oreille.  Il  contrefaisoit  si  bien  le  chant  de  
 l’alouette  qu’on  s’y  seroit  mépris ;  c’est  que  sur  une  fenêtre  vis-a-vis  
 de  chez moi  il  y  en  avoit  une  dont  les  accens  lui  avoient  plu.  Enten-  
 doit-il  siffler  dans  la  rue?  à  l’instant  il  siffloit  de  la  même  manière;  
 ce  qui  n’étoit  pas  très - amusant,  car  il  avoit  le  sifflet  très-aigu.  Il  
 imitoît  aussi  l’aboiement  des  chiens,  le  miaulement  des  chats  et  jusqu’au  
 criaillement  d’une  porte  qui  tourne  sur  ses  gonds  desséchés.  
 Quelquefois  encore,  lorsqu’un  serrurier  mon  voisin  limoit  une  barre  
 de  fer,  ou  que  quelqu’un  scioit  du  bois,  il  nous  déchiroit  les  oreilles  
 par  la  manière  précise  avec  laquelle  il  imitoit  tous  ces  bruits  désagréables. 
   Il  ne  s’agiroit  enfin,  pour  tirer  tout  le  parti  du  naturel  imitateur  
 de  ce  charmant  oiseau,  que  d’éloigner  de  lui  tout  ce  qu’on  ne  
 voudroit  pas  qu’il  apprît,  et  de  le mettre  à  portée  de  n’entendre  que  
 des  chants  agréables. 
 L’espèce  du  petit  Yaza  se  trouve  à  Madagascar.