Mon Perroquet jaune écaillé de rouge a le front et routes les
grandes pennes alaires d’un gris bleuâtre (les Amazones les ont gros-
bleu) ; il a du rouge dans le milieu des pennes intermédiaires des
ailes et dans les barbes intérieures des pennes de la queue, précisément
dans les mêmes endroits que chez l’Amazone ; et toutes les
plumes, à l’exception de celles de la gorge et du milieu du sternum,
qui sont d’un jaune uniforme| sont écaillées de rouge sur le même
fond jaune, plus foncé cependant sur le dos que partout ailleurs. Le
bec et les pieds sont blafard. Si on prend la peine de comparer la
figure de ce Perroquet jaune, écaillé de rouge, à celle que nous avons
donnée d’un Amazone devenu entièrement jaune, on verra que ces deux
oiseaux ne diffèrent qu’en ce que dans l’un le rouge, ayant abondé,;
s’est porté sur toutes les plumes du corps, tandis que dans l’autre il
s’est au contraire détérioré et changé lui-même en jaune.
Nous avons sous les yeux une Perruche Ara Pavouanne, devenue entièrement
jaune, écaillée de rouge, absolument telle que notre Perroquet.
Or on sait que la Perruche Ara Pavouanne, dans son état naturel, est
verte, et qu’elle a du rouge au bord des ailes et sous les ailes. Cette
variation n’a même rien de surprenant; mais elle prouve encore que
tpus les Perroquets à plumage rouge, et vert peuvent devenir des Perroquets
de Cuba y dont on reconnoîtroit cependant toujours l’origine
dans les formes et les caractères propres des espèces auxquelles ils
appartiendroient comme variétés. Latham a donné, dans un de ses
Supplémens, une charmante Perruche jaune à tête violette, qui n’est
absolument que le Perroquet Fridytiilah, dont la couleur verte est
devenue jaune, mais dont la tête est restée violette. Nous sommes sûrs
aujourd’hui que notre Perruche soufre n’est qu’un individu varié de
l’espèce de la Perruche à collier couleur de rose, dont le vert s’est aussi
changé en jaune. Nous connoissons même un individu de l’espèce de
notre grande Perruche à collier et à épaulettes rouges, dont le vert est
encore devenu jaune, mais dont le collier et les épaulettes sont restés
rouges. Il y a enfin au Muséum d’histoire naturelle à Paris un individu
de l’espèce du Lori à collier, dont la moitié des plumes rouges sont
devenues jaunes, de sorte qu’il se trouve entièrement bigarré de ces
deux couleurs. Toutes ces observations, quelque exactes qu’elles puissent
être, doivent mettre les naturalistes sur leurs gardes, et les obliger
à bien examiner un oiseau avant d’en déterminer l’espèce ; ce
qui demande une grande attention, beaucoup de comparaisons, et
surtout une grande habitude, que la pratique seule peut donner.