10 H I S T O I R E N A T U R E L L E
arriver en Hollande dans . les mêmes caisses que les oiseaux de Paradis,
mais tous mutilés et préparés comme je l’ai dit plus haut. En
revanche i’en ai vu trois autres parfaits, dont l’un est à Paris et
fait partie de la belle collection de M. Dufresne; c’est celui d’après
lequel nous donnons notre description, et que nous avons figuré de
grandeur naturelle : les deux autres sont en Hollande, chez MM. Raye
de Breukelervaert et Temminck. On reconnoîtra facilement dans les
cabinets les individus de la Perruche Lori Papou auxquels on auroit
adapté des ailes d’autres Perruches; car celle-là doit les avoir fort
longues, proportionnellement à sa taille : or il n’y a aucune petite Perruche
connue qui les ait aussi longues qu’elle ; celles donc qu’on auroit
substituées aux siennes seroient toujours courtes, c’est-à-dire, qu’elles
ne vont, pour l’ordinaire, que jusqu’au croupion, tandis qu’elles de-
vroient presque atteindre le tiers de la longueur de la queue, non
compris le prolongement des deux pennes intermédiaires. Les ailes
du Lori Papou doivent aussi être d’un vert foncé, semblable à celui
de sa queue. Ses riches couleurs sont, en outre, si régulièrement distribuées,
qu’on ne pourroit en avoir déplacé la moindre partie sans
qu’on s’en aperçût au premier coup d’oeil. Ces sortes de déplacemens
ont souvent lieu par le fait de ceux qui se mêlent, en Europe, de préparer
les oiseaux qu’on y reçoit dégradés, ce qui de tout temps a trompé,
et trompera toujours, les naturalistes inexpérimentés, qui n’ont besoin
que de voir un individu quelconque pour déterminer une espèce ou
même un genre : heureux encore s’ils ont daigné voir cet individu !
Ces différentes contrefactions, et les méprises qu’elles occasionnent,
donnent peut-être la raison de ces trois différentes variétés dont parlent
les nomenclateurs, et qu’a rapportées Yirey dans la description
qu’il a donnée de la Perruche Lori Papou, d’après Sonnerat et sous
le nom de petit Lori Papou, nom que nous lui conservons, mais en
la replaçant dans sa tribu, qui est celle des Perruches et des Perruches
à queue en flèche, comme il est facile de le voir par la belle figure
que nous publions ici de cet oiseau.
La Perruche Lori Papou a , sur le sommet de la tête, une large tache
bleue, irrégulière, qui à certain jour paroît noire; elle descend aussi
un peu sur la nuque. A cette tache près, toute la tête, le derrière du
cou, la gorge, la poitrine, les flancs et les couvertures du dessous de
la queue, sont d’un rouge vif, sur lequel tranche, de chaque côté de
la poitrine, vers le haut des ailes et le bas des flancs, un jaune jom-
quille, qui forme comme deux taches sur le beau rouge du dessous
du corps. Le bas-ventre, précisément entre les cuisses, est d’un gros
bleu violacé. Le manteau, les scapulaires, toutes les couvertures des
ailes et les bords extérieurs de leurs grandes pennes, sont d’un gros
vert : ces grandes pennes sont noirâtres dans leurs barbes intérieures
et a leur revers. Le croupion et les grandes couvertures du dessus de
la queue sont d un beau bleu violet. Cette dernière est du même vert
que les ailes dans sa partie élevée et sur les bords extérieurs de ses
pennes latérales, toutes terminées par un jaune orangé ou rougeâtre:
ses deux pennes intermédiaires sont vertes aussi, mais seulement jus-
qu a peu près la moitié de leur longueur ; chacune d’elles se termine
ensuite en deux fléchés très-effilées et d’un rouge jaunâtre. Le revers
de la queue est jaune ; le bec est rouge, et les pieds sont d’un brun
rougeâtre.
Si nous terminons ici l’histoire des Perroquets à queue pointue
(histoire comprise dans nos quatre divisions, des Aras, des Perruches
Aras, des Perruches à queue en fe r de lance, et enfin des Perruches
à queue en flèche), ce n’est pas que nous ne soyons très - persuadés
qu il existe beaucoup d autres especes de ces oiseaux, si surtout on
consulte la nomenclature considérable qu’en ont faite plusieurs méthodistes
: mais, comme nous ne connoissons pas par nous-mêmes
toutes ces espèces, nous attendrons pour en parler que nous les ayons
vues, examinées et comparées. A cet effet, nous nous proposons de
parcourir encore, lorsque cet ouvrage sera terminé, les principaux
cabinets de 1 Europe, pour y etudier à loisir les espèces nouvelles
dont ils se seroient enrichis, et nous prenons l’engagement avec le
Public de publier alors, sous la forme d’un supplément, toutes les
connoissances que nous aurons acquises sur des Perroquets nouveaux;
ce qui complétera, nous lesperons, d’une manière satisfaisante l’histoire
d’une des plus belles et des plus riches familles des oiseaux.
Qu il me soit permis, en attendant, de témoigner ici toute ma
reconnoissance aux amateurs d histoire naturelle qui ont bien voulu
seconder mon zele dans ce travail pénible par la communication libre
qu’ils m’ont laissée de leurs cabinets, et la permission que j ’ai eue de
disposer à mon gré de toutes les espèces de leurs collections.