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suffisamment connu; car ce naturaliste a
omis certains caractères essentiels, qui auroient
sans doute servi à le bien distinguer
ce dernier lézard, une queue de la longueurtlu corps,
mais le tiliguerla a la queue bien plus étendue ; elle
est deux fois aussi longue que le corps de l'animal ; et
c'est ce que j'ai tiouvé dans tons les lézards de cette
espèce que j'ai mesurés. A la vérité , les lézards verds
o n t , pour ainsi dire, une grande vei tu productrice
dans leur queue; s'ils la perdent, elle se renouvelle, et
si elle est partagée par quelqu'accident, cliaque portion
devient bienlôl une queue entière. ]1 se pourroit
donc que l'excès de la queue du tiliguerta sarcelle
du lézard verd ordinaire né fût pas une marque d'una
diversité d'espèce, et dût être seulement attribué à
l'iiiiluence du climat de la Sardaigne. Mais, d'un antre
côlé, comment regarder la longueur de la queue da
tiligueita comme un attribut accidentel, puisque les
naturalistes font entier, dans les caractères spécifiques
des différens lézards, la diverse longueur de
la queue relativement à celle du corps. Ceux qui ont
décrit , par exemple , le lézard verd d'Europe , l'ont
caractérisé, ainsi que nous l'avons vu, en disant que
sa queue est aussi longue que le corps; et ceux qui
décrivent un lézard d'Amérique, nommé améwa par
Liniioeus , le caractérisent par la longueur de sa
queue, trois fois plus considérable que celle du corps
du lézard.
Le tilignerla n'est donc pas un lézard verd , quoiqu'il
lui ressemble beaucoup, et ceux qui voudront
le décrire devront le désigner par la phrase sui-
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des autres lézards verds, et sur-tout du lézard
ocellé, avec lequel il paroit avoir des
vante : lézard à queue menue, deux fois plus longue
que le corps. L'améiva a été désigné par les mêmes
expressions dans les Aménités académiques.
L'on pourroit donc soupçonner que le tiliguerta
de Sardaigne est de la même espèce que l'améiva da
nouveau monde : il ne seroit pas surprenant en effet
de rencontrer en European animal qu'on a cru particulier
au continent de l'Amérique.
Mais , outre que l'on peut soupçonner, d'après la
description de Gronovius, l'exactitude de celle que
l'on trouve dans les Aménités académiques, on ne
doit pas croire le tiliguerta de la même espèce que
l'améiva , si l'on considère le nombre des bandes
écailleuses qui garnissent le ventre de ce dernier
lézard, ainsi que celui du tiliguerta. Le nombre
n'est pas en effet le même dans ces deux animaux. Le
tiliguerta ressemble donc beaucoup à l'améiva, ainsi
qu'au lézard verd , quoiqu'il ne soit ni l'un rji l'autre :
c'est une espèce particulière dont il convient d'augmenter
la liste des lézards , et qu'il faut placer parmi
ceux que Linnaeus a désignés par le caractère d'avoir
la queue verticillée {cauda verticiUaia).
Le tiliguerta est aussi innocent que le lézard verd;
il habite parmi les gazons , ainsi que sur les murailles
que l'on trouve dans la campagne.
Il est très-commun en Sardaigne, et il y est
même en beaucoup plus grand nombre que le lézard
\'eid en Italie.