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Paraguay , Fél ix d'Azara, fait connoître à
la fin de son ouvrage un tupinambis qu'il
a trouvé dans cette partie de l'Amérique
méridionale , et qui y est nommé teyougouazou
, ce qui signifie gros lézard. Ce
tupinambis est évidemment le même que
celui de Seba et de mademoiselle Mér ian;
mais cependant Fél ix d'Azara assure n'avoir
observé que des individus longs de
trois pieds deux pouces au plus : je crois
donc que les diinensions , attribuées par les
deux premiers auteurs déjà cités , sont beaucoup
trop exagérées car je n'ai d'ailleurs
v u dans aucune collection que des individus
•longs de quatre pieds au plus.
Ce tupinambis habite dans toutes les parties
les plus chaudes de l'Amérique , principalement
sur le cont inent , en Gui ane , au
Mexique et au Brésil : dans les colonies
espagnoles, il est connu sous le nom à'jguana,
parce qu'on le confond avec les grands
iguanes , sans doute à cause de la faculté
qu'il a d'enfler considérablement chaque
joue au dessous des y e u x , et d'y faire une
bosse de la grosseur d'un oeu f , selon Fél ix
d'Azara. Dans d'autres contrées on le nomme
sauvegarde ou sauveur j parce qu'on prétend
qu'il fait entendre un siflement t rès - a igu
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lorsqu'il aperçoit un serpent à sonnette ou
d'autres animaux mal-faisans, et qu'il avertit
ainsi l'homme , placé dans son voisinage, de
se tenir sur ses gardes.
Il court avec une ext rême vitesse j est
Irès-prompt dans ses mouvemens , peut se
retourner et se plier en tous sens, en dardant
fréquemment au dehors de sa bouche
sa langue fourchue et très-extensible j mais
on a prétendu sans raison qu'il grimpe sur
les arbres avec une grande facilité; car Fél ix
d'Azara et tous les colons que j'ai consultés
assurent le contraire. Cet animal est doux
et très-facile à apprivoiser ; mais on assure
qu'il ne faut pas l'agacer, parce qu'il mord
quelquefois avec violence, et qu'il ne lâche
pas prise. 11 fréquente les champs et les bords
des bois. Il y mange des f rui t s , des insectes,
des vers , de petits poulets , des oeufs d'oiseaux
, même des crapauds et de petites
vipères : on prétend aussi au Paraguay qu'ils
mange le miël des abeilles , et que pour
chasser ces insectes il va donner un coup
de sa queue contre la ruche , et répète cette
manoeuvre jusqu'à ce que toutes les abeilles
se soient éloignées. Souvent il creuse la terre
poiii- se procurer deS vers ; et c'est sans