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suppose ensuite que son capuchon et sa
gorge un peu goitreuse se remplissent d'air,
et contribuent à le rendre plus léger lorsqu'il
est dans le sein des eaux, ou lorsqu'il
court sur les branches des arbres, on ne
dira rien que de très-vraisemblable ; mais
comment est-il possible de croire qu'un animal
, muni d'un capuchon creux sur l'occiput
et d'une nageoire verticale assez comparable
aux nageoires dorsale et caudale des
poissons , puisse s'en servir pour s'élancer
d'arbre en arbre, et sur-lout pour se soutenir
pendant quelques instans au milieu
des airs? Une opinion semblable ne doit
pas être adoptée par les naturalistes : aussi
Lacépède a-t-il eu soin d'afFoiblir l'expression
de Seba dans son ouvrage sur l'Histoire
naturelle des quadrupèdes ovipares. Il observe
avec raison que les doigts du basilic,
au nombre de cinq à chaque pied, ne sont
réunis par aucune membrane ; car il vit sur
les arbres, comme presque tous les lézards,
qui, ayant les doigts divisés, peuvent y
grimper avec facilité, et en saisir aisément
les branches : non seulement il peut y courir
assez vite, mais, remplissant d'air son
espèce de capuchon, déployant sa créte ,
augmentant son volume, et devenant par
D E S B A S I L I C S. Sig
là plus léger, il voltige, pour ainsi dire,
avec agilité de branche en branche. Son
séjour n'est cependant pas boiné au milieu
des bois : il va à l'eau sans peine ; et lorsqu'il
veut nager, il enfle également son capuchon
, et étend ses membi-anes.
La crête qui distingue le basilic, ajoute
le professeur Lacépède , et qui peut lui servir
d'une petite arme défensive, est encore
]jour lui un bel ornement. Bien loin de tuer
par son regard , comme l'animal fabuleux
dont il porte le nom, il doit être considéré
avec plaisir , lorsqu'animant la soUtude des
immenses forêts de l'Amérique, il s'élance
avec rapidité de branche en branche; ou
bien lorsque, dans une attitude de repos et
tempérant sa vivacité naturelle, il témoigne
une sorte de satisfaction à ceux qui le regardent
, se pare , pour ainsi dire , de sa
couronne , agite mollement sa belle crête ,
la baisse, la relève, et par les difïerens reflets
de ses écailles , renvoie aux yeux de
ceux qui l'examinent, dé douces ondulations
de lumière.
Le basilic ordinaire, que j'ai observé dans
la collection du museum d'histoire naturelle,
a sans doute éprouvé quelques décoloratious
par son long séjour dans l'esprit de vin ;
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