LE T Y R A N G R I S ou L E T I T I R I , Tyrannus griseus. Pl. q6.
T . gris en dessus ; d’un blanc sale en dessous; plumes du sinciput orangées dans le milieu; ailes
et queue noirâtres. Mule. Plumes du sinciput jaunes. Femelle. Point de jaune sur la tète.
Jeune.
Le Titiri , Bdff. Lanius Tyrannus, L . Dominicensis, Lia». Gm. Tyrant Shrike , St. Domingo Tyrant, Lath.
L e nom que Buffon a impose à cet oiseau est tiré de son cri le plus familier; en elIet,
il prononce souvent ces syllabes, sur-tout quand il vole, et les répète, dans la saison des
amours, plusieurs fois de suite, avec une telle précipilaiion qu’on saisit dliiicilemeni Fin-
tcrvallc qui les sépare. Les Tyrans gris sonl à cette époque d’un naturel gai, et se réunissent
pour se jouer dans les airs, s’agacer réciproquement, sc battre quelquefois avec
une sorte de fureur et disputer d’adresse et d’agilité, aux yeux de leurs femelles qui,
traiKjuilles spectatrices de leurs jeux, les encouragent par leurs clameurs.
Ce Tyran est le plus matinal des oiseaux de Saint-Domingue; il se fait entendre
long-temps avant le lever du soleil ; c’est aussi le dernier endormi, car il cric encore après
que la nuit est presque close. La cîmc des arbres, sur-tout des palmistes, est l’endroit qu’il
paroit préférer ; c’est de là qu’on le voit s’élancer après l’insecte ailé, le saisir adroitement,
retourner aussi-tôt à sa branche favorite et la quitter de nouveau, pour fondre sur le premier
qui sc montre dans les environs. II chasse ordinairement depuis le lever du soleil,
jusqu’à dix heures, se repose ensuite, et recommence deux heures avant la nuit. Sa hardiesse
lait qu’on l’approche aisément, et le poste à découvert, qu’une proie ailée comme
lui et toujours fugitive le force d’occuper une partie du jour, l’expose aux coups meurtriers
du chasseur ; mais on le ménage, et on a raison, car c’est pour les habitations, oiï il
se plaii plus qu’ailleurs, un gardien vigilant qui veille sans cesse à la sûreté de la volaille.
Les Epcrviers, les Cresserelles et môme des oiseaux dc proie plus forts que ceux-ci,
craignent de se moi rer oü se trouve ce Tyran;il les attaque avec courage et les combat
avec une telle opiniàtrctéqu’il parvienlà les éloigner. C ’est ordinairement dans celle lutte
qu’il fait entendre et réitère un claquement de bec, dont le bruit suffit pour meure
ci-i fuite les cliiens qui connoissent les cilèts de sa coU-re. DuuC Uu courage des plus
grands oi&cauA de rajAuo, e’coi 3Ui.-iuLiL luisqu'on clierche à lui enlever sa jeune famille
qu’il en donne les preuves les plus frappantes; son audace devient fuieur; il se précipite
sur le ravisseur, le poursuit avec intrépidité , et si, malgré ses clfoiTs, il ne peut
sauver ses petits, il en prend soin dans la prison où ils sont retenus.
On rencontre aussi des Tiliris sur la lisière des forêts, dans les lerreiiis abandonnés
et les lieux écartés, mais l’on prétend que ceux-ci se tiennent toujours par paire, et
font une race distincte dont le naturel est plus sauvage cl la taille plus forte. Jl est irès-
diflicile de les distinguer par les couleurs, car leur plumage ne diifère dc celui des
autres, que par une nuance un peu plus sombre sur les bords des plumes. '
Ces Tyrans, comme la plupart des oiseaux sédentaires de Saint-Domingue, n’ont pas
de saison marquée pour couver; les uns nichent à l’automne et même à i’époque qui
répond à notre hiver, d’autres au printemps ; mais tous sc reposent au milieu dc l’été.
Ils placent leur nid à la bifurcation des branches d’un arbre élevé, el le composent dc
petits rameaux secs et d’herbes fines. Leur ponte est de trois ou (¡uatre oeufs blancs, avec
des taclies longitudinales, brunes et rousses vers le gros bout; ces oeufs ressemblent
beaucoup à ceux du Tyran pipiri, mais ils sont un peu plus gros et les taches sont ¡dus
grandes; l’incubation dure treize ou quatorze jours et les petits éclosent couverts de
duvet; ensuite ils se revêtent d’une robe dont les teintes sont plus ternes que celles des
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