7-i H IS TO IR E N A TU R E L LE D E S O IS E A U X
pâture usî abondanie, toute société cesse entre eux ; le mâle et la léraelle s’isolent dans
l’arrondissement dont ils ont fait choix et n’y souffrent pas d’autre oiseau dc leur espèce.
Les jardins, les vergers, les bosquets voisins de la demeure de l’homme sont leur
domicile favori. Une branche morte ou dépouillée de sa verdure est l’endroit où le mâle
réside ordinairement pendant le jour. Il préfère la cîme d’un arbre élevé afin d’avoir
toujours l’ücil sur ce qui se passe autour de lui. 11 n’est pas moins courageux que leTyran
gris, (¡uoiquc plus petit. Rieu ne lui en impose, rien ne peut l’intimider s’il a sa couvée
à défendre; il ose menacer l’homme par ses cris, dès (¡ue sa présence lui porto ombrage,
et môme il l’attaque s’il veut lui enlever ses petits. Il a nn tel atiachcmeru pour
eux, qu’il ne balance point à combattre les Corneilles, les Buses et les Cresserelles, si
elles s’arrêtent près de son nid, si même elles sc montrent à une certaine disUuice de son
domicile ; aussi-tôt qu’il les apperçoit, il vole à leur rencontre, les poursuit avec une
audace el une intrépidité étonnantes dans un si petit oiseau, et leur livre un combat
digue d’être cité. Le Tyran déploie alors l’art de voler dans toutes ses combinaisons. Si
son adversaire évite sa fureur et l’impétuosité de son aua(¡ue par un vol sinueux ou à
raz dc terre, le Pipiri toujours maître du sien, en change la direction et profite de la
ÛcxibillLc de scs mouvemens pour le frapper aux yeux; si au couiraire son anlago-
ulslc cherche. ;ui Imiii de.s airs un abri contre ses coups, il le pince sous les ailes,
le harcelle de toute manièi'e , et le fatigue par une lutte si violente qu’il le force
d’abandonner le champ de bataille el de s’enfuir au loin. Dès que son ennemi a disparu,
le vainqueur revient à son nid et annonce â sa compagne, par une trépidation d’ailes,
son triomphe cl sa joie. Il combat avec la même furie le roi des airs et vient à bout de
le mettre en fuite (i). La saison des amours est la seule où ces oiseaux ne peuvent lui en
imposer ; mais dès qu’il n’a plus dc famille à défendre , il est prcsqu’aussi timide que les
petits volatiles. Malheureusement le Pipiri, qui en éloignant des basse-cours les carnivores
devient le protecteur des jeunes poulets, fait une guerre à outrance aux insectes
précieux dont le travail et la prévoyance contribuent aux richesses du cultivateur. Les
abeilles n’ont pas d’ennemi ¡ jIu s redoutable, et leurs ruches seroient promptement
dévastées , si l’on n’avoit soin de diminuer le nombre dc ces oiseaux, utiles sous un
autre rapport. Cependant, quand les abeilles se réunissent el l’attaquent en masse, elles
lui opposent assez de résistance pour le faire reculer ; plusieurs Tyrans réunis ne
peuvent même entamer leur bataillon seiTé.
Cette espèce place son nid sur les arbres de moyenne hauteur; elle en compose
l’extérieur de branches scclies, dc petites racines, ti elle, eu tapisse l’iiilérieur de laine
et dc bourre. Sa ponte est de trois ou quatre reufs blancs, mouchetés de brun et rayes
denoii’ vers le gros hoiit. Les petits naissent avec un duvet grisâtre.
Les plumes dc la tòte du Pipiri sont assez longues pour ¡jrendre la forme d’une
h u p p e , lor5(¡u’il les redresse; elles laissent alors voir la belle couleur orangée, presque
entièrement couverte, quand elles sont couchées, par le noir qui les termine. Le
reste de la tête, le dessus du cou, le dos, le croupion, les couvertures supérieures
des ailes et de la queue sont d’un gris noirâtre ; celte teinte est plus foncée sur
les pennes alaires et caudales, dont la pointe est blanche; la gorge cl toutes les parties
postérieures sont d’un gris blanc; l'iris, le bcc et les pieds noirs. Longueur totale sept
pouces deux lignes.
La femelle ne diffère du mâle qu’en ce (¡ue la couleur orangée est moins étendue
et moins vive. Les jeunes n’ont point de jaune sur les ¡iluiues de la tète;le gris de
( i ) (I J ’en vis u u , d it Catesby, qui s’attacba sur le dos d ’un Aigle e t le pcrsécutoit de manière que l’Aigle se renversoit
sur le dos , lâchoit de s’en délivrer par les différentes postures où il se m e ao it en l’air , et enfin fm obligé de s’arrêter suite
haut d’u u aibre v o isin , jusqu’à ce que le p e tit ïy r a u fu t las ou jugea à propos de le laisser «.