prolcctlon a rendu familiers les Urubus, qui ne perdent pas de vue les chasseurs de boeufs.
A Gartagcnc d’Amérique , où ils sont connus sous le nom de CosqiiantU, ils se réunissent
en troupes nombreuses sur les toits des maisons, et ils se promènent même paisiblement
dans les mes, où ils sont aussi respectés (jue Xlbis l’étoii autrefois chez les Egyptiens ;
mais ils deviennent dangereux, s’ils n’ont pas une nourriture suiïïsante , car , emportés
par leur gloutonnerie cl leur voracité , ils se jettent sur les bestiaux qui sont aux environs.
Malheur alors à l’animal qui est malade ou blessé , ils fondent aussi-tôt dessus, et
rallaquenl par la partie aifectéc -, c’est en vain que la pauvre bête cherche à leur échapper
par la coui’sc et par ses bondissemens ; c’est en vain (ju’clle se roule à terre en tous sens
en iàisanl des liiuîemens affreux ; ces carnivores ne lâchent pas prise qu’ils ne l’aient
dévorée jusqu’aux os. Ils n’atta({uent jamais les oiseaux et ne jettent aucun cri ; seulement
ils semblent prononcer la syllabe hu d’une manière nasicale, lorsqu’on les surprend
dans leurs repas.
IjCS Vautours se distinguent des aigles, des iliucons cl des autres carnivores, en ce (ju’ils
sc réunissent volontiers en troupes, soit pour se reposer, soit pour fondre sur leur proie.
Us préfèrent les vieux arbres ou les rochers inaccessibles pour construire leur nid, et ne
font guère qu’une ponte annuelle de deux oeufs dans les pays tempérés : les petits
eu sortent couverts d’un duvet épais, et sont appâtés dans les premiers jours de leur
naissance par le père et la mère qui dégorgent les alimens dans leur bec. Les \ autours
sont les seuls oiseaux carnassiers qui nourrissent ainsi leur jeune famille ; les petits des
autres prennent d'eux-mèmes la nourriture que les père et mère dcpuscni dans leur aire.
Ourpiicot.ireaan.i lesEtatc-Unlfi deux espèccs de Yaulours confondus dans les auteurs
sous les noms d’ Urubu et éXAura. Le premier a le plumage d’un noir à reflets changeans,
les narines oblongues, l’aile d’un blanc-jaunàlre en dessous, la queue courte et coupée
carrément à son extrémité. Le second est brun et noir; il a le bec , les jambes et les tarses
plus courts, la taille plus alongéc que le précédent, les narines ovales, la queue plus
longue et étagée. D’après ces deux signalemens, celui dont je fais ici la description , est
\ Urubu., confondu, comme je viens de le dire, avec \ Aura, non-seulement par les Orni-
ihologisies, mais encore pur les hribîtans des contrées où tous les deux se trouvent ; car
les naturels de la Louisiane les nomment nidislnicicAi.oT,{^ l’un et l’autre Carancro, elles
AnAais de la Caroline et des Florides les appellent Canion-crown ou i urKey-lfuzard.
Ces Vautours diffèrent non-seulement par leur extérieur, mais encore fjar la manière
de voler. Le Turhey-buzardàe Catesby,monte et descendsans qu’on puisse s’appercevoir
du mouvement de ses ailes-, et l’^wra, observé par Barlram (i), « frappe, dit-il, ses ailes
func contre l’autre, avance un peu, puis frappe encore ses ailes, et ainsi de suite â
chaque temps de vol, comme s’il étoit toujours prêt à tomber, et toujours faisant effort
pour se relever ».
Les Urubus, qui sc tiennent presque toujours en troupes, soit dans les airs, soit sur
les cyprès ou sur les pins morts, sont du nombre des Vautours, dont l’odorat est le plus
fui. A peine une charogne est-elle exposée dans un lieu où l’on n’en apperçoit aucun ,
(ju’on les voit venir de toute part, volant en spirale et descendant ]>eu à peu jusqu’auprès
de leur proie; mais leur basse timidité, quelque nombreux qu’ils soient,
enchaîne leur insatiable gloutonnerie; quand l’aigle Pygargue en fait sa pâture; ils s’arrêtent
alors â une certaine distance, et attendent la lin de son repas pour dévorer ses
restes. Us se nourrissent aussi de serpens et d’agneaux ; ils osent môme attaquer de jtlus
grands animaux, losqu’ils les trouvent endormis ou blessés ; mais ce trait d’audace n’a
lieu ([u’aiitaiit qu’ils sont ea grand nombre et dans une disette totale d’alimens.
On trouve ces Vautours datis toute l’Amérique, depuis la Nouvclle-Ecosse jusqu’à
la Terre de Feu ; mais l’Urubu pénètre rarement dans le nord au-delà des Carolines, cl
( i ) Barlrarrts travels.