comme espèce séparée , puisqu’il y a entr’eux une conformité de formes , d’instinct, de
moeurs et d'organe. Ces oiseaux ont de l’analogie, il est vrai, avec l’Émérillon des
Fauconniers ; mais ils se rapprochent beaucoup plus de la Cresserelle d’Europe , Fako
tinnunculus, L in n . , C m. , par leurs cris , leurs habitudes et leur naturel. Bulfon étoit
donc très-fondé i dire : « Ces Émérillons d’Améritpte paroîtroiit, ii tous ceux qui les
» considéreront attentivement, beaucoup plus près de la Cresserelle que de l’Émérillon
n des Fauconniers. »
Cette espèce porte aux Antilles les noms de Malfmi, de Pripri et de Giygrc. Le
premier de ces noms lui a été donné par les Créoles, ainsi qu’à d’autres petits oiseaui de
proie, comme celui de Mansfcni aux carnivores de la grosseur de notre Faucon , d’après
leur peu de prévoyance, ce qui les expose à mal finir leur carrière ; les autres sonl tirés
de son cri, différemment entendu. Les Ariglo-Américains l’appellent Sparmv Liais
(petit Epervier, ou petit Faucon des Moineaux). Elle donne aussi la cliassc aux
poussins nouvellement éclos ; mais comme la présence de leur mère lui en impose , ce
n’est qu’en se cachant dans les haies et dans les buissons, et en les suivantà la piste, qu’elle
parvient à enlever ceux qui s’écartent de leur conductrice. Cette Cresserelle est rare
dans le nord des Etats-Unis , commune dans les parties sud , et très-nombreuse à Saint-
Domingue , sur-tout aux mois d’avril et de mai. Les reptiles sont dans cette île sa pâture
ordinaire. Elle s approche aussi des habitations, pour surprendre les petits poulets;
mais elle y rencontre d’antres ennemis à combattre que leur mère : le Moqueur
et le Tyran gris la harcèlent tellement, qu’elle n’ose paroîtrc dans les lieux où ils
font leur domicile. La fiicilité avec laquelle ce destructeur de reptiles peut trouver à tout
instant les lézards anolis, semble avoir oliangé ses moeurs, et l’avoir rendu plus sociable.
En effet, 11 ii’a point à Salnt-Domingu. 1„ u,eil.,„uo , l’cirdenr, l’activité qu’il montre
dans les contrées boréales. On le voit souvent se tenir , pendant une partie du jour
perché sur une brandie sèclie, où il est rarement seul, sur-tout au commencement
du printemps ; alors le même arbre sert presque toujours de point de rassemblement
à vingt et trente individus de la même espèce. Leur sécurité est telle que
la vue de l’homme et le bruit du fusil les effraient peu ; lorsqu’ils ont été tirés sans être
atteints , ils se contenleiu de voler jusqu’à l’arbre voisin.
Leur habitude de vivre ensociété lesreiidsiisceptibles de sensibilitéct d’atlacliemcnt En
effet, le mâle et la femelle paroissent posséder à mi liant degré l’affection qui naît de iciir
union. La mort de l’un excite chez l’autre les sensations vives de la tendresse, la douleur
et le désir de la vengeance. Il m’arriva uu jour de tirer une femelle do celle espèce ; le
mâle qui étoit auprès d’elle, loin de s’enfuir, se in-écipita vers moi, et me poursuivit avec
acharnement pendant un mille de cbemiii, exprimant par ses cris la fureur qui l’animoit.
Tantôt élevé à perte de vue, il fondoit comme un trait jusque très-près de ma lêle-
tantôt, lorsque je m’arrêlois, il se posoit sur l’arbre ou l’arbrisseau le plus près, et des
cris redoublés, accens du désespoir, sembloicnt réclamer une compagne chérie.’il cessa
ses plaintes, et ne s’arrêta ipi’à l’entrée d’un bols, où ü me perdit de vue; mais une heure
après, en retouriiam par le même chemin, je trouvai le malheureux Mallhil à la ijlace
où je l’avois laissé ; ses cris , ses poursuites, recommencèrent avec la même violence et
la même opiniâtreté : enllii, il ne m’abandonna que très-près de rhabilation où ie
résidois. ^
Cette espèce fait son nid dans les forêts. Elle le construit à la cîme d’un grand arbre,
avec des branches sèches, des racines, et quelques herbes grossières. Sa ponte est de
quatre oeufs blancs tachetés de roux.
Le màle a le bec noirâtre el d’un blanc sale à la base de sa partie inférieure ; le
tour des yeux, le front et les joues de cette dernière teinte; la cire, firis et les pieds
jaunes; le sommet de la tête d’un gris ardoisé; sept taches noires, qui sont situées à une
T om e I.