sV'loigüC de cette île pour péneùrcr dans le nord, le climat devient plus tempéré ;
cependant on éprouve encore, pendant Télé, aux Florides, à la Géorgie et à la
Caroline du sud, des clialeiirs aussi fortes qu’à Saint-Domingue, mais moins
continuelles : aussi phisiciirs oiseaux du tropique s’y plaisent-ils dans cette saison.
On rencontre alors dans ces - contrées, situées depuis le 24? jusqu’au 32 " degré
de latitude nord, le ta c co , \a n h in g a ,\ e t i l ly , le c o co tz in , le milan noir
et b la n c , les vautours urubu et a u ra , tous oiseaux dont l’espèce est sédentaire
sous la zone torride. D’autres, qui sont particuliers à ces pays, craignent les
chaleurs continuelles de la Ligne et redoutent les froids de la zone boréale.
Le pape, quelques tangaras, p\vL%\cvccsfauvettes, les perruches àfront.rouge,
ne s’avancent guère dans le no rd, les uns au-delà de la Louisiane, les autres au-
delà de la Caroline ; le. cardinal huppé n’outrepasse point la Virginie, encore
n’y rcstc-t-il que jusqu’à l’automne. La température du centre des Etats-Unis
convenant à presque tous. les oiseaux terrestres, on les y voit en plus grand
nombre. Presque toutes les espèces qu’on rencontre dans le sud de la Pensylvanie,
y passent l’été ; celles des contrées plus au nord y cherchent en hiver un asyle
contre les grands froids de leur pays natal. Enfin plus, on approche de la zone
glaciale, moins on en trouve de sédentaires; mais là , plus qu’ailleurs, les oiseaux
do rivage et d’eau sont très-nombreux ; ils paroissent s’y plaire pendant une
grande partie do l’année, car ils y retournent plutôt que les autres et en partent plus
tard. T.cs oiseaux insectivores y sont rares; ceux qui vivent de semences, plus
communs ; quelques fauvettes, qui s’y transportent de Saint-Domingue en traversant
les pays tempérés, riy font qu’une couvée, après laquelle elles disparoisseut.
D’autres entomo^ahagcs et beaucoup de séminivores s'arrêtent dans le Canada à
leur retour du sud; ces derniers parcourent lentement, à leur départ, les Eta.ts-
Unis, et s’avancent plus ou moins loin.dans le midi, selon que l’hiver est plus
ou moins rigoureux. On voit, d’après cet exposé, que c’est dans la partie tempérée
de l’Amérique du nord que l’ornithologiste peut donner plus d’étendue à ses
observations; clic demande par conséquent une description plus détaillée. Cette
partie comprend plusieurs états, la Virginie, le Maryland, la Pensylvanie, le
Ncvv-Jerscy et le Ncw-York ; elle s’étend depuis le 3 5 ‘ jusqu’au 4 3 ' degré do
latitude nord; elle a au sud, les Carolines, la Céorgic et les Florides; au nord, la
Nouvcllc-Angleterrc , l’Acadio ou la Nouvcllc-Ecossc et le Canada; à l’ouest,
la Louisiane, que recherchent dans les grands hivers presque tous les oiseaux
dos contrées septentrionales, et qui possède pendant l’été.ceux des Florides et
quelques-uns de Saint-Domingue ; enfin à l’e st, elle est baignée par l’Océan. Ces
états sont arrosés par un grand nombre de rivières et de ruisseaux qui attirent
sur leurs bords les oiseaux pêcheurs.
Par un contraste singulier, 011 éprouve, sur-tout dans la Pensylvanie et le Ncw-
Y o rk , le froid de la Norwège et les chaleurs du tropique. L ’hiver y commence
ordinairement avec le mois de décembre, et n’y finit que dans les derniers jours
de mars ; le froid est très-vif, et augmente quelquefois dans un jour avec une
telle rapidité, que le thermomètre de Réaumur est le matin à i o degrés.audessus
de zéro, et le soir à 10 degrés au-dessous; il n’est pas rare de voir alors
les plus grandes rivières se couvrir totalement de glaces dans une seule nuit. Ce
thermomètre descend souvent pendant l’hiver à 24 degrés au-dessous de zéro,
et se tient presque toujours à 15 ; tel est le résultat de mes observations pendant
les trois années que j’ai passées à New-York. Le froid est d’autant plus pénétrant,
qu’il débute avec le vent du nord-ouest, le plus glacial de ces contrées ; ce vent
souffle pendant trois jours consécutifs ; le premier, avec la plus grande violence ;
le second, avec moins de force, et il se calme le troisième jour; le vent du nord-
est lui succède, et amène avec lui la neige, q u i, en peu d’heures, couvre la terre
quelquefois à deux pieds de hauteur. On rencontre à cette époque, sur les bords
de la mer et àTembouchuro des rivières, les oiseaux nageurs, qui liahitcnt en tout
autre temps le Canada, Terre-Neuve et la terre de Labrador. Les oiseaux do rivage
qui les ont devancés, en quittant ces dernières contrées dès le mois do septembre,
abandonnent alors le centre des Etats-Unis pour se réfugier dans les Carolines,
les Florides et à la Louisiane. Les dind ons, les gélinottes fuient l’intérieur des
grandes forêts pour sc rapprocher des pays cultivés. On ne trouve plus dans les
bois que des oiseaux de proie, mais en très-petit nombre. Le har fang, la chouelle
nébuleuse s’avancent dans la plaine ou se cachent dans les vergers et dans les
bosquets voisins des habitations, pour faire la chasse aux lapins et aux gallinacées
sauvages et domestiques. Les alouettes, les soulciets et d’innombrables bandes
de s iz e r in s , qui fuient les froids encore plus rigoureux et les neiges plus abondantes
de leur patrie, cherchent sur les coteaux et les monticules la semence des
graminées que les rayons du soleil mettent à découvert. Vor to lan de neige arrive
le dernier do. tous ces habitons du Groenland ; il ne s’avance pas au-delà de la
Pensylvanie, et prend le premier la route de son pays natal. Le krinis leu-
coptère trouvant toujours nue nourriture assurée dans les graines conifères, brave
les glaces et les neiges du pôle arctique.
Le printemps n’annonce guère son arrivée avant le 15 avril : alors les marais,
les prairies, les plaines, les forêts sont tout-à-coup remplis d’eau par la fonte
subite des neiges ; les chemins deviennent impratiquablcs, et dos pluies continuelles
remplacent les frimas. Les oiseaux voyageurs qui ont cherché un abri
dans le sud, commencent à sc montrer. Déjà les pigeons à longue q u eu e , les
quiscales,\e robin, le rouge-gorge bleu , le Iroupiale commandeur, \e ja s eu r
du cèdre, et plusieurs autres oiseaux q u i, comme la plupart de ceux-ci, n’outrepassent
pas ordinairement les Florides ou la Louisiane pendant l’h iver, ont para
dès la fin du mois de mars. Les fa u v e t te s , les tangaras, les g r iv e s , les mou-
ch e ro lle s , les ca roug es , les bahimores, les hirondelles , les troglodytes,
Y oiseau-mouche arrivent, les uns au mois d’avril, les autres dans le courant do
mai; ils sc montrent à cette dernière époque tous ensemble au Canada, et en si
grande quantité, qu’on croiroit, disent les liabitans, qu’ils tombent du ciel. La
nature, qui voit du même oeil les fiers tyrans des bois et le vermisseau, leur
indique l’époque et le lieu où la nourriture propre à leurs petits est la plus abondante.
Chaque espèce s’arrête sous la latitude qui lui convient ; les unes se retirent
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