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pression entre deux planches, on a enlevé les graines et la pulpe
qui entoure ces dernières (i).
Les fruits de toutes les espèces de Solanum de la section
Melongène (le Sol. esculenlum excepté), ont des graines entourées
d’une pulpe verdâtre : cette pulpe , d’une odeur forte
et désagréable, d’une saveur extrêmement âcre, est délétère ,
avons-nous dit plus haut. Hermapn(2) rapporte que la pulpe d’une
espèce de ce groupe , le Sol. Hermanni ( Sol. sodomeum. L J ,
prise à l’intérieur, a les effets suivans : d’abord elle occasionne la
céphalalgie; par suite, torpeur, douleur, fureur; enfin , la mort.
J’ai fait prendre à un chien , avec beaucoup de peine , la
pulpe et les graines de quinze baies d'un autre Solanum de
la même section, le Sol. fuscalum. A peine l’animal eut-il avalé
cette substance, qu’il fut dans un état très-pénible. 11 respirait
avec de grands efforts; les muscles de l’abdomen se contractaient
fortement durant l’inspiration et se relâchaient avec la
même intensité d’action dansl’expiration. L’air sortant avec impétuosité
de ses poumons, faisait trembler ses lèvres ; il rendait
par intervalles une écume blanchâtre, faisait de vains efforts
pour vomir , se jetait de temps à autre sur un des côtés; la
chaleur de son corps était extrêmement augmentée : ses yeux
seuls paraissaient à peu près dans l’état ordinaire. Ces symptômes
eurent lieu pendant trois quarts d’heure. Je quittai alors
l ’animal et ne revins vers lui qu’une heure et demie après. Je
le trouvai couché, plus calme, mais respirant toujours avec
peine. Il avait vomi une grande partie des graines qu’il avait
prises : deux heures s’écoulèrent à peine qu’il fut presque entièrement
rétabli. U est à présumer que s’il n’eut pas vomi, il
aurait succombé à l’action de la substance administrée.
On voit, d’après ce que nous venons de dire , que toutes les
parties des fruits de tous les Solanum ne sont pas également
(i) R u m p h iu s . I. c. page 241.
( -j.J Ouvrage cité. page 574.
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salubres. U n’est pas à craindre néanmoins que la partie de ces
fruits qui a une action délétère , produise jamais d’effet nuisible
sur l’homme, parce que sa saveur désagréable la fera toujours
rejeter. Si par quelque circonstance particulière, des hommes
étaient empoisonnés par cette substance, d’après ce qui a eu
lieu dans la dernière expérience que j’ai rapportée, il est pro->
bable que le vomissement serait le moyen indiqué pour faire
cesser les accidens.
C O N C L U S I O N.
Ce que je dis ci-après des caractères naturels des genres qui
nous occupent, est le résumé de ce que j’ai dit dans le cours
de cette dissertation , sur la nature physique des espèces qui
les constituent.
Si l’on en excepte les tubercules souterrains du Sol. tuberosum ;
la nature chimique des divers organes de ces plantes , nous
est encore inconnue.
Je résumerai ce que j’ai rapporté de leurs usages et de leur
action sur l’économie animale , par les propositions suivantes.
Les racines de diverses espèces de Solanum qui ont été
employées, paraissent avoir une action analogue. Elles produisent
une excitation qui se dirige principalement sur tel ou tel organe,
suivant les circonstances diverses et le mode d’administration.
Ce que nous savons des propriétés de ces racines, n’est pas
suffisamment constaté.
Les tubercules souterrains qu’offrent deux espèces de Solanum
sont employés comme aliment. Ceux d’une de ces espèces ( le
Sol. tuberosum ) sont d’un usage très-général, à cause de la
facilité avec laquelle ils sè reproduisent en abondance à toutes
les latitudes et à toutes les hauteurs.
Les tiges et les feuilles de diverses espèces , ont été employées
comme ayant des propriétés sédatives ; mais aucune observation
précise ne prouve qu’elles jouissent de celte propriété.
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