a été répandu dans d’autres régions. Au rapport de Sloane (,t)
les Juifs l’ont introduit en Amérique. Il paraît que ceux que
nous cultivons dans nos climats nous sont venus de l’Arabie.
La culture en grand de cette plante ne peut avoir lieu à
une certaine distance des tropiques, parce qu’elle exi»e un
certain degré dechaleurdans la température. Ainsi, par exemple,
elle n’est cultivée de cette manière, en France, que dans sa
partie méridionale , presque exclusivement dans la région des
oliviers. Semée au premier printemps dans les environs de
Montpellier, elle commence à donner des fruits en abondance
vers le milieu de l’été ; depuis cette époque jusqu’à la lin
d octobre, on voit ses fruits sur. la table du riche et sur celle
de l’indigent.
Crue, l’aubergine est insipide et fade; aussi ne la mange-
t-on pas dans cet état : on n’en fait jamais usage qu’après l’avoir
faite cuire. Il est hors de mon sujet de parler de ses préparations
culinaires , qui sont différentes dans chaque région. Dans
les Indes (2), par exemple, on la prépare avec du vin et du
sucre, ou simplement dans de l’eau sucrée; dans nos climats
c’est principalement avec l’huile d’olive.
On a soin très-souvent d’extraire l’eau de végétation de ces
fruits avant de les faire cuire pour servir d’aliment. Je ne crois
pas (comme c’est l’opinion générale ) que , par cette pratique:,
niosi an verb stupidi : proetereaque dicebat idem Mahomed , sese hancpiantam
in p ara dis o vidisse, quum enim-vi carceri esset inclusus :, angélus Gabriel
■ ex coelo ad ipsum deveniebat, ac ducebat eum inhortum voluptatis' seu
paradisum , quem Arabes Gennet Elenaam vocant, ubi Mahomed inter
coeteras hanc lustrabat piantam. Quum Angelum interrogabat, cur hcec planta
tbi esset plantata ; ad quæ ipsi respondebat , quum hase planta proe reliquis
umtatem dei , ac tè verum esse prophetam, testata fuerit. Ex Uumph. Herb.
iAinb. y . p. | f | p
(1) Sloane. O u p . cit.
(a) Rumph. o up . cit. V, p. 239,
on ôte au fruit quelque principe délétère, puisque, danscertains
cas , on omet de la mettre en usage saus inconvénient.
L’aubergine étant un aliment très-répandu dans un grand
nombre de régions, l’expérience ne manque pas pour prouver
qu’elle n’a rien de délétère. Aussi les personnes qui connaissent
1 emploi qu on en fait, sont - elles étonnées, qu’un grand
nombre d’auteurs aient donné cette baie comme nuisible. Les
noms de melongena et d'insanum, par lesquels on avait désigné
la plante qui les porte, annoncent assez que cette opinion a
été générale. Je crois trouver l’origine de toutes les contradictions
à cet égard dans le défaut de distinction de deux espèces.
On a souvent pris le Sol. avigerum pour 1 e Sol. esculentum:
celui-là, avons-nous dit, a des graines environnées d’une pulpe
dont les graines de celui-ci sont dépourvues; celte pulpe est
d’une âcrelé extrêmement intense et très-délétère, tandis que
les autres parties du fruit sont salubres et n’ont point de mauvais
goût. On conçoit aisément, d’après cela, que la baie du Sol.
esculentum, ne renfermant que des graines dépourvues de pulpe
et a_yant ses autres parties très-développées, ne doit pas avoir
d action nuisible ; tandis que les baies du Sol. ouigentm ne sont
mangeables qu’après qu’on a enlevé la pulpe qui entoure les
graines (i). C’est ainsi que dans les Indes Orientales on fait usage
comme aliment, des fruits du Sol. pressum, lorsque, par leur
(i) Bontius connaissait vraisemblablement cette espèce en Europe,
et croyait ses fruits délétères , avec raison. Arrivant à Java, il fut
étonné de voir qu’on y employait comme aliment un fruit qu’il crut être
celui qu’il avait vu en Europe. Il en parle dans son ouvrage, ét s’écrie:
Fructibus in patria Solani narcotica vis est :
India at è contrà Solanum producit edule ;
Destituant medicum sic rnedica mala , saporem
Naturamque no ram Europoe in Jinibus ilia.
O quoque sit utinam ! Vehimur quum per mare ad Indos ;
Longum lier ; infâmes liceat deponere mores !