Bergius (i) rapporte, en parlant Je la première deces plantes,
que l’infusion aqueuse de l'herbe séchée est rougeâtre, d’une
odeur qui n’est pas désagréable , d’une saveur herbacée , d’une
couleur qui n est pas changée par le sulfate de fer. L’extrait
de celte herbe séchée noircit, est dn peu visqueux, a l’odeur
de l'infusion de malta , une saveur salée et une action piquante
sur la langue. Cette analyse grossière ne nous apprend pas grand
chose. Celle que Hartmann et Kühn (a) nous ont donnée des
tiges de la douce - amère , ue nous appreud guère plus sur la
nature chimique de celle-ci.
Ces chimistes mirent une once de ces tiges récentes et revêtues
de leur écorce , dans de l ’esprit de vin dont ils ne font pas
connaître le titre. Ils obtinrent une teinture d’un jaune brunâtre ,
d une saveur amère et douce , d’une odeur particulière. Celle
liqueur épaissie leur fournit deux drachmes deux scrupules d’un
extrait amer. L’infusion aqueuse qui est plus douce qu’amère
a l’odeur nauséeuse des tiges fraîches. Par son épaississement!
ils obtinrent un extrait amer un peu nauséabond. Ces expériences
réitérées , le poids des extraits a quelquefois varié, mais
jamais d’une manière notable.
On sait que les tiges récentes de la douce-amère , ont une
odeur forte et nauséabonde , une saveur amère au premier
instant, ensuite douceâtre ; l’odeur disparaît par la dessiccation ,
mais la saveur devient plus intense. On devine aisément que
celte espece doit son nom à celte saveur.
Les tiges et les feuilles de plusieurs autres espèces de Solanum,
ont une saveur amère analogue à celle des tiges de douce-
amère; mais aucune d’elles n’a été examinée chimiquement.
, Des effets et de l’action des tiges et des feuilles de Solanum,
sur l ’économie animale. Si l’action d’une substance sur l’économie
(i) Materia medico. tI, p. 138.
(a) Von dem Buisch-Kraut oder littersiiss. D’apres Murray, apparatus
mcdicaminum. I. p. 60S.
animale pouvait être connue à priori, celle des organes qui
noos occupent trouverait ici sa place ; et parcourant ensuite
la série des cas dans lesquels ces organes ont été employés ,
nous examinerions si celte action , -dans chacun de ces cas ,
était ou n’était pas indiquée. Mais ce que nous en savons est
le résultat de l’expérience. Nous avons donc à analyser d’abord
les observations recueillies , pour en déduire, s’il est possible»
l ’action et le mode d’action des substances employées. Dans
celte analyse , nous aurons toujours soin de séparer les faits
des opinions théoriques. Je commencerai l’énumération .des
faits observés, par ceux qui sont épars çà et là dans divers
écrits, pour en venir ensuite à ceux qui‘ont fixé plus particulièrement
l’attention des médecins Européens.
Dans plusieurs régions, on applique sur les plaies les feuilles
de certains Solanum. Pison et Margrave (i) rapportent que
les Brésiliens emploient à cet usage les feuilles du Juripeba,
que Linné a désigné sous le nom de S. paniculatum, et qui
n’est pas le S. Juripeba de M. Richard. Forskal (a) nous apprend
qu’en Égypte, on applique aussi sur les plaies , les feuilles
récentes du Solanum qu’il désigne sous le nom spécifique
â’incanum. Dans ce même pays , on lave, avec une décoction
de ces feuilles et de celles du Pbysalis somnifera , les hommes
atteints d’une espèce d’hypocondrie , que le vulgaire appelle
démoniacisme, et qui est vraisemblablement la démonomanie
de quelques médecins (3).
Au rapport de Rhede (4), le suc des feuilles du Solanum
violaceum, donné avec du sucre, est mis en usage avec succès
en Malabar dans les phlegmasies, et particulièrement pour
calmer l’irritation de la poitrine. Ony emploie aussi en friction, 1 2 *4
(1) Pis. 7. c.
(2) Flora Ægyptiaco-arabica. p. 46.
v(3) Fprslc. oitu. cit.
(4) Hortus Malabaricus. I. c.