aisés à déterminer, et par cela même les assertions sur ces
sortes d’effets ont un degré de probabilité de plus.
On a coutume de désigner sous le nom de racines, ces tubercules
qu’on truuve sous terre au bas de la lige, ou au côté du
bas de la tige de deux espèces de Solanum. Ces organes sont
différens dans chacune de ces espèces. Dans l'une , le Sol.
monianum , ce sont des tubercules assez gros d’où s’élèvent les
liges et d’où naissent les racines ; tubercules qui sont uniques
pour chaque lige et qui me paraissent faire partie de celle-ci.
La plante qui en est munie est indigène du Pérou, où elle est
connue sous le nom de Papa montana (i) , ou Papa de ,loma (2).
Le père Feuillée , qui l’a fait connaître le prèmier , rapporte
que les Indiens font un grand usage de ses tubercules, qui sont
charnus et épais d’environ un pouce ; ils en mangent dans
leurs soupes et leurs ragoûts. Ruiz et Pavon disent que les tubercules
du Papa deloma servent seulementà engraisser les cochons.
Comme je l’ai dit ailleurs (3) , la plante désignée par cqs derniers
et celle de Feuillée, pourraient bien être deux espèces distinctes.
Quoi qu’il en soit, l’usage que les Péruviens font de ces tubercules
et leur analogie de forme avec ceux que nous connaissons
mieux , nous font penser qu’ils doivent contenir une grande
quantité de fécule.
Les autres tubercules souterrains dont nous avons à parler,
sont ceux si connus aujourd’hui dans nos climats sous le nom
de Pommes de terre. Ces organes d’une consistance charnue,
recouverts par une pellicule qui.se détache aisément, varient
beaucoup de forme, de couleur et de grosseur. Ils sont irrégulièrement
bosselés et présentent des cavités dans lesquelles
sont logés de véritables bourgeons. Ils diffèrent essentielleméht
des tubercules du Sol. montanum et de leurs analogues,, par
(1) Feuillée. Journal d'observations. II. 2.e part. pag.
(2) Flora Peruviana et Chylensis , auctoribus Ruiz et Pavon. ILp. 3,,
(3) Voy. page ,45.
la circonstance que nous venons de noter, qu’ils sont comme
de véritables tiges, munis d’un grand nombre de bourgeons,
et à cause de cela peuvent être divisés pour former des boutures.
En outre, ils ne font pas comme ceux-là partie intégrante de’
la tige au bas de laquelle on les trouve ; ils se développent au
contraire en très-grand nombre tout le long ou à l’extrémité
des filamens qui naissent du bas de la tige, filamens qui donnent
aussi naissance à des radicules.
Ne pourrait-on pas les comparer aux drageons, ou mieux
aux vives racines d’Adanson (1) , cesl-à-dire à des plants qui
naissent du bas d’une tige , se développent loin d’elle et peuvent
être enlevés sans endommager le tronc ? Ces plants diffèrent
de nos tubercules en ce qu’ils sont enracinés , et appartiennent
à des végétaux dont la lige est vivace. Mais dans les végétaux
qui se reproduisent de celte manière, il doit y avoir une époque
àlaquelle il y a stagnation de sucs dans un point de la racine
ou de la tige souterraine qui fournit la vive racine, point
d’où se développent vers la partie supérieure les bourgeons qui
produisent les tiges et inférieurement les racines. Ce point que
l’observation n’a pas démontré , que je sache, dans les végétaux
qu’on dit munis de vives racines, mais qu i, comme le collet,
se conçoit très-bieu par la pensée, me paraît notre tubercule
de Solanum qui , laissé en terre , produit des racines et des
tiges.
Il est clair , d’après ce que nous venons de dire , que les
tubercules de Sol. montanum n’ont de commun avec les pommes
de terre, que de présenter une analogie grossière de forme extérieure
, et d’être le réservoir d’une grande quantité de fécule?
C’est à celte dernière circonstance et à la facilité avec
laquelle elles se reproduisent , que les pommes de terre
doivent leur célébrité et leur emploi si général aujourd'hui.
Originaire de l’Amérique , le Sol. tuberosum paraît y avoir 1
(1) Adansoo. Familles des plantes, 1, p.-63.