croient que c’est une corruption du nom arabe bydendjan ou
badingian-, d’autres pensent qu’il vient de mala insana , qui
était la traduction du nom arabe , etc. ; quoi qu’il en soit de ces
opinions que je ne discuterai pas , parce que nous n’apprendrions
rien de cette discussion, il paraît que le nom Melongena signifie
de nature nuisible.
Sous ce nom spécifique, on a souvent confondu deux espèces
qui ont beaucoup d’analogie, mais qui diffèrent essentiellement
par certaines de leurs parties et par leurs propriétés. Linné
a d’abord désigné sous ce nom , dans les pretàiërëséditions de
son Species ( i ) , un Solanum qu’il place avec ceux' qui sont
munis d’aiguillons. Dans son supplément (2), il désigne sous le
nom spécifique d'insanum , une plante qui, d’après lui, ne
diffère de la première que par le nombre des aiguillons. Les
botanistes de l’École Linnéenne ont ensuite placé , dans la section
des Solanum dépourvus de ces organes, le Soi. melongena des
premières éditions de Linné.
Jusqu’à ce jour, on n’a assigné d’autres caractères de différence
entre les deux espèces dont nous venons de parler, que la
circonstance d’être munies ou dépourvues d’aiguillons. L’espèce
ordinairement munie de ces organes sur toutes ses parties, les
perdant quelquefois presque en totalité, il est arrivé de là
que les uns ont appelé Melongena, l’espèce que les autres ont
appelée insanum , et réciproquement. Quelques botanistes ,
comme Wildenow l’a faiUen dernier lieu (3),' ont cru qu’une
seule et même espèce pvait été désignée tantôt par l’un , tantôt
par l’autre de ces noms.
Considérant que , comme nous venons de le voir, les espèces
désignées sous les noms d’insanum et de melongena, ont .été
continuellement, ou confondues , ou prises l’une pour l’autre;
considérant encore que , quel que fût celui de ces noms qu’on 1
(1) iVe édit. p. 186.
(2) Pag. 86.
(3) Enumeratio plant arum horti Berolinensis. p. 287,
adoptât pour l'une de ces espèces dont le fruit est d’un usage
général comme aliment, ce nom serait inconvenant ; j’ai cru
nécessaire de changer les noms de ces deux espèces.
J’ai appelé Sol. esculentum , celle dont on mange les fruits,
connusdans nos départemens méridionaux sous les noms d'aubergine,
de moyenne ou de verangeane. Cette espèce se distingue de
l’autre, principalement parsa baie presquecjlindrique, qui paraît
résulter, comme nous l’avons dit ailleurs (t), de là soudure dè
deux^ovaires ; les loges de celte baie sont oblitérées, lorsqu’elle
a acquis un certain degré de développement ; les graines qu’elle
renferme sont dépourvues de pulpe.
L’autre espèce se distingueprincipalement parson fruit ovoïde,
dont les loges se conservent distinctes, et par ses graines
entourées d’une pulpe verdâtre (2). Cette espèce' ayant été
désignée sous le nom à'ooigerum par quelques botanistes qui la
considéraient comme variété de l’autre , je la désignerai sous
ce dernier nom ; il paraît que c’était le mala insana des anciens.
Comme de la plupart des plantes qui sont devenues des
objets de culture , on ne sait pas d’une manière précise quelle
est la patrie du Sol. esculentum-. il paraît qu’il est indigène de
l’Arabie ou des Indes Orientales. Depuis long - temps on le
cultive dans ces contrées , où son fruit est d’un usage général
comme aliment (3); il est très - probable que c’est de là qu’il
(0 v°y- p- 9°-
(2) N’ayant pu me procurer cette année qu’un échantillon de cette plante
en mauvais état , je n’ai pu reconnaître Si , comme dans l’espèce précédente ,
l’ensemble de la fleur résulte de la soudure naturelle de-deux fleurs simples.
Mais .j’ai, bien vu que les loges de la baie avancée en âge étaient .conservées
, et que les graines étaient entourées de pulpe. Voyez pour les
descriptions et les synonymes de ces deux espèces, pag. 208..
(3) Ce que rapporte Jacub Bensidi Aali, fait penser qu’on fait beaucoup
de cas de cettaliment dans l’Arabie et les contrées voisines. Voici ses propres
paroles que je transcris de l’ouvrage cité de Rumphius, où elles sont
rapportées.
Mahomed judicabat homines ex adpetitu, horum fructuum, an essent inge