
 
        
         
		C’est  plus par  des  probabilités  que  par  des  preuves  ,  que  nous  
 déterminons  quelles  sont les  plantes  dont  parlent  les  historiens,  
 les  poètes,  les  médecins ,  et  en  général  les  écrivains  de  ces  
 époques  reculées.  Ainsi  ,  commençant  par  la-  Bible ,  1 ouvrage  
 le plus ancien de  ceux où l’on  trouve, comme dilM. Sprengel  (i),  
 les  premiers  rudimens de  la  science des plantes ,  nous voyons ,  
 au  verset  19.  du  chapitre  i5.  du  livre  des  Proverbes  ,  un  mot  
 hébreu  qui  a  été  traduit  par  haye  épineuse  {%) ,  ou  arbuste  
 épineux.  Ce  même  mot  se  retrouve  dans  le  livre  du  prophète  
 Michéë  ,  où  il  a  été  traduit  par  le  nom d’un  arbuste  épineux,  
 le  Paliurus (3). M.  Sprengel  rapporte  (4)  qu’on  désigne  par  un  
 mot  arabe,  qui  est  le  même  que  le  mot  hébreu  dont  nous  
 venons  de  parler ,  un  arbrisseau  très-abondant  en  Phénicie  qui  
 a  du  rapport  avec le  Solanum  melongena ;  d où  il  conclut  que  
 la  plante  de  la  bible  est  un  Solanum.  Cela  peut  être  ; mais  ce  
 nom  arabe  et  hébreu  était-il  employé  pour  désigner  le  seul  
 arbrisseau  voisin  du Solanum melongena , ou s’appliquait-il  à plur  
 sieurs  plantes  épineuses  ,  et  s’en  servait-on  pour  désigner  une  
 plante  épineuse  en  général  ,  comme les  passages de  la Bible  le  
 font  penser ?  Adhàc  sub  judice  lis  est. 
 Rien  n’est  plus  propre  à  nous  faire  sentir  l’importance de la  
 connaissance  des  espèces  et  surtout  celle  de  leurs  descriptions  
 exactes, que l ’incertitude où  nous sommes sur  celles qu ont  
 connu  les  anciens.  Sans  lés  botanistes  postérieurs  à  Hippocrate  
 et  sans  la tradition verbale  ,  nous ne  saurions  rien  des végétaux  
 dont  il  est  fait  mention  dans  les  ouvrages  de  ce  père  de  la  
 médecine  ou  dans  ceux  qui  lui  sont  attribués.  Dans plusieurs  
 v,  endroits  de  ces  ouvrages  ,  il  parle  du  qnJxvos  dont  il  conseille 
 I  ft! 
 (1)  C. Sprengel.  Historié  rei  herbarioe.  tom. I. 
 (a)  Pigri  via  est  quasi  spinosa  sapes.  Proverb.  1.  c. 
 (3)  Eorum  optimus  ac  probissimus  est  tanquàm  Paliurus  in  sepimento.  
 Mich.  cap. 7.  v.  4. 
 (4)  Sprengel.  1.  c .I .p n o . 
 surtout  le  sac  dans  divers  cas  (1).  D’après  ce  que  nous  ont  
 appris  les  auteurs  postérieurs ,  il  paraît  que  c’est  le  Solauum  
 désigné  aujourd’hui  sous  le nom  spécifique de  nigrum  ,  ou une  
 espèce  voisine. 
 Si  nous passons  maintenant  à  celte époque  où  la science  paraît  
 avoir  .commencé  à  exister ,  ce  qui* nous  reste  des  écrits  des  
 auteurs  de  ce  lerops-ià  ,  ne  nous  apprend  rieu  de  précis  sur  les  
 Solanum  connus  alors.  Théophraste  (2)  parle  d’un  qui 
 servait  d’aliment •,  M.  Sprengel  croit  que  c’est  le  Solanum  melongena. 
  Théophraste désigne ailleurs (3) sous  le même nom générique  
 ,  deux  autres plantes  dont  une  paraît être  un  Solanum  ',  
 l’autre  un  Pkysalis. 
 Dioscoride  (4 )   parle  de  quatre  espèces  de-çp^vcç.  Deux  
 d’entr’elles  paraissent  être  des  Pkysalis ,  les  deux  autres  des  
 Solanum.  Il  est  très-probable  que  son  s-pvxïoç «W*: est le Solarium  
 nigrum. 
 Celse  est  le  premier  des  auteurs  anciens  qui  nous  restent ;  
 qui  ait  employé  le mot Solanum  pour désigner  une plante  , dont  
 il  recommande  l’emploi  comme  topique  dans  la  phrénésie. (5).  
 Pline  ,  qui  en  parle  d’après  Celse,  se  borne à  dire  que  c’est le  
 çpvy.voç  des  Grecs  (6), 
 Le  mot Solanum dérive  ,  s’il faut  en  croire les  scoliastes  ,  du  
 mot  solari,  consoler.  Ce  nom  avait  été  donné  aux  cp"*v°s  des  
 anciens,  d’après  l’opinion  qu’on avait  de  leurs  propriétés  sédatives. 
   Je  ne  sais  jusqu’à quel  point  on  doit  ajouter  foi  à  cette  
 étymologie.  Où sait  que le genre  de  plantes  que  les  botanistes 
 (1) Hippoc.  edit, Joe$. Sect.  5.  p. 570.  1.  16.  17*  de naturd muliebri.~~ Sect.  
 4. p. 36o. I.  8. p. 35945.  de victus ratiqne. 
 (2) Tbeoph.  hist.  1.  7.  cap.  7. 
 (3)  Theoph.  hist.  I.  9. cap.  12* 
 (4)  Diosc.  hist.  lib.  4.  cap.  71. 
 (5) Aar.  Corn.  Cels,  de  re  medica.  lib.  3.  cap. 18. 
 (6)  Pag.  27.  cap.  i3*