
 
        
         
		que  fai  fait  avaler  à  un  chien de  moyenne  taille,  n’ont pas eu  
 une  action  plus  délétère. 
 Divers  auteurs  disent  que  les  baies  du  Sol.  nigrum  empoisonnent  
 les  gallinacées;  et  c’est-vraisemblablement  par suite-de  
 cette  opinion  ,  qu’en  Portugal  et  en  Espagne,  on  désigne celte  
 plante  vulgairement  sous  le  nom  de  piementa  de  galina.  Pour  
 Savoir  si  cette  assertion  était  fondée  ,  j’ai  fait  prendre  à  un  
 jeune  coq  trente  baies  de  Sol.  nigrum  ;  quelques  jours  après,  
 il  en  avala  soixante  de  Sol.  vfflosum ;  il  n’en  a  pas  paru  du  
 tout  incommodé. 
 Je  crois  pouvoir  conclure  de  tous  ces  faits  ,  que  l’opinion  
 générale  sur  l’effet délétère  des  fruits  des  morelles,  n’est  rien  
 moins  que  prouvée. 
 Les  amateurs  de  fleurs  cultivent  le  Sol.  pseudo - capsicum,  
 connu  en France  sous  le  nom  vulgaire de  petit  cerisier d'hiver.  
 11  est  dans  tous les jardins  d’agrément,  à  cause  de  son  feuillage  
 toujours  vert,  et  de ses  fruits  globuleux d’.un  beau  rouge ,  qui,  
 se  conservant  tout  l’hiver sur l’arbuste,  y   font un  très-joli  effet.  
 On  croit  généralement  que ces  fruits sont délétères.  Pour  vérifier  
 cette  opinion ,  j’ai  fait  prendre  trënte de  ces baies coupées  
 à  morceaux  à  un  chien  de  moyenne  taille ,  qui  n’en  a  pas  
 éprouvé  le  moindre  mal. 
 Tous  les  auteurs  qui  ont  parlé  des  baies  de  la  douce-amère ,  
 ont dit qu’elles étaient  un  poison  violent  pour  certains  animaux,  
 s’appuyant  tous  sur  une  seule  expérience  de  Floyer,  qui  n’a  
 été  répétée  par  personne.  Floyer  (i)  fit  prendre  à  un  chien  
 trente  baies  dé  douce-amère.  Oet  animal  mourut  au  bout  de  
 trois  heures,  et  on  trouva  ,  dans  son  estomac  ,  les  baies  de  
 douce-amère  non  digérées.  Les  expériences  que  je  vais  rapporter  
 me  font  penser  que ,  dans  celle  de  Floyer,  l’action  des  
 baies  de douce-amère  n’a  pas  été la cause  de la  mort de  l'animal. 
 (i)  Ftcvyer.  PKarmàcob;p. 86.  d’après  Haller, ourr.  cit.  p. 249« — Murray.  
 Ouf.  cit.  1.  p. 604,  etc. 
 Il  est  vraisemblable  que  la  cause  Inconnue  de  celle  mort  a  été  
 celle  de  l’indigestion  des  baies. 
 J’ai  fait  prendre  à  un  cochon  de  mer  trente-cinq  baies  de  
 douce-amère ,  sans  le  moindre  effet  sensible  subséquent.  J’en  
 ai donné  cinquante  à  un  autre  de  ces  animaux  ;  celles-ci  n’ont  
 pas  eu  une  action  plus  marquée. 
 Un  chien  de  moyenne  stature  en  a  d’abord  pris  trente,  quelques  
 jours  après  soixante,  sans  qu’aucun  symptôme  fâcheux  se  
 soit  manifesté.  J’ai  fait  avaler  cent  de  ces  baies  à  un  autre  
 chien  ,  ensuite  cent  cinquante;  pas  le  moindre  accident  n’est  
 survenu.  Cinquante  baies  de  notre  plante  n’ont  pas  produit  un  
 effet  plus  manifeste  sur  un  coq  à  qui  je  les  avais  données. 
 Jusque-là  j’avais  toujours fait prendre  à ces animaux des  baies  
 dans  ledr  maturité  parfaite.  Cent  baies  de  douce-amère,  avant  
 leur  maturité  ,  furent  administrées  à  un  chien  ;  elles  n’eurent  
 pas  un  efieî  différent  de  celles  qui  étaient  mûres. 
 Donc, les  baies de douce-amère, quoique fades  et  nauséeuses,  
 ne  sont  pas  un  poison  ,  comme  on  l’a  dit  jusqu’ici. 
 On  les  a  autrefois  vantées contre  les éphélides et autres  taches  
 de la peau. Malhiole( 1)  rapporte que, de son  temps, dans l’Étrurie,  
 les  femmes  se  servaient  du  suc  de  ces  fruits  pour  maintenir  le  
 brillant  de  leur  teint,  et  pour  faire  disparaître  certaines  taches  
 du  visage.  Je  ne  sais  trop  ce  que  celte  pratique  a  de  fondé;  
 il  est  à  présumer  que  ces  baies  n’agissent  que  comme  agirait  
 tout  autre  corps  inerte  de  la  même  consistance. 
 Nous  avons  vu  que  certaines  baies  de  Solanum  qu’on  croyait  
 délétères, ne le  sont pas ; mais  toutes les parties des baies de  toutes  
 les espèces ne  jouissent pas  de  la même  innocuité;  l’histoire des  
 fruits  du groupe des Melong'enes ,  va  nous  en  offrir  un  exemple. 
 J’ai  donné  à  ce  groupe  le  nom  de  Melongena,  sous  lequel  
 on connaît une de  ses espèces la plus généralement répandue.  Les  
 auteurs  ne sont  pas d’accord  sur  l’étymologie de ce nom  ;  les uns 
 (s) Matkiol.  Commenter.  I. p,  28a,