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 sémbla  parler  avec  plus  dé  facilité,  -Le  remède  ,  administré  
 encore  pendant  deux'  ou  trois  jours ,  lui  causa  des  nausées  et  
 des  crampes  très-fortes;  la  céphalalgie  se  maintint,  l’excrétion  
 elvjne  fut  augmentée.  A  la  fin ,  obscurcissement  dans  la  vue,  
 douleurs  dans  toutes  les  parties  du  corps,  excrétion  des  urines  
 diminuée  ,  gonflement  et  tension  considérable  de  ,l’abdomen.  
 Ces  symptômes  augmentaient  vers  le  soir;  alors  suffocation  ,  
 lipothymie.  On  cessa  de  faire  usage  du  médicament  ,  et  on  
 chercha  à  calmer  les  accidens. 
 D’après  ces  observations ,  les  seules  que  j’ai  pu  trouver  sur  
 les  effets  du  Sol.  nigrum  pris  à  l’intérieur,  il  paraîtrait  que les  
 feuilles  de  celle  plante  à  très-petite  dose,  ont  une  action  excitante  
 très-intense;  action  qui  se  dirige  principalement  sur  
 le  système  nerveux.  Mais  est-ce  bien  le  Sol-  nigrum  qui  a  
 produit  ces  effets  ?  Ne  serait - ce  pas  YAtropa  hellaclona  ,  le  
 Solanum  proprement  dit  des  Anglais  à  celte  époque?  On  
 regardait  les  propriétés de ces deux  plantes,  comme  identiques;  
 il  est  bien  possible  que  dans  les  pharmacies  ,  on  les  substituât  
 l’une  à  l’autre.  Ce  que  dit  Bromsfield  dans  quelques  endroits,  
 contribue, à  me  faire  penser  que  ce  n’est  pas  le  Sol.  nigrum  
 qui  a  eu l’action précitée.  Il dit  (i):  «  J’ai fait prendre l’infusion  
 du  Solanum  à  quelques  malades,  depuis  un  demi  - grain  ,  
 de  deux  jours  l’un,  jusqu’à  huit  grains  par  jour,  sans  .qu’il  
 en  soit  résulté  aucun  effet  sensible  ,  etc.  etc.  «Ailleurs  (a),  on  
 a  souvent  donné (l’infusion  de  ces  deux  plantes  sans  aucun  effet  
 sensible,  quoique  la  quantité  en  aitété portée ,  en  prenant  les  
 précautions  nécessaires  ,.  aussi  loin  que  la  prudence  peut  le  
 permettre,  etc.  etc.  »  Dans  un  autre  endroit (3): «  Une  femme  
 qui  avait  bu. par  mégarde  deux  onces  d’eau  de  Solanum ,  n’en  
 fut  pas  autrement  incommodée ,  si  ce  n’est  qu’il  se  fit  un  res- 
 ( ï ) .   O u e r .  c i t .  p.  8 3 . 
 (2)  Ouvr.  c it .  p .  94; 
 ( 3 )  Oupt.  c i t .  p .  9 7 . 
 serrement  spasmodique  de  la  gorge  ,  accident  qui  se  dissipa  
 par  un  gargarisme d’oxycrat.  » 
 D’un  autre  côté,  dans  les  faits  que  j’ai  rapportés,  et  dans  
 ceux  où  Bromsfield  a  employé  ce qu’il  appelle  le  Solanum  sans  
 nom  spécifique  ,  les  symptômes  qui  se  sont  manifestés  ,  sont  
 ceux qu’on  a  observés dans  tous  les  temps,  à la suite de  l’administration  
 de  YAtropa  helladona.  D’après  cela  ,  je  suis  fort  
 porté  à  croire  que  c’est  cette  dernière  plante  qui  a  été  administrée  
 par  Bromsfield  et  ses  compatriotes ,  dans  tous  les  cas  
 où  se  sont  manifestés  les  symptômes  violens  qui  suivent  ordinairement  
 son  usage  ;  que  c’est  le  Solanum  nigrum  qui  a  été  
 employé  dans  ceux  où  aucun  effet  sensible  n’a  suivi  l’administration  
 du  médicament.  Ce  que  nous  savons,  d’ailleurs,  me  
 rend  cette  conjecture  encore  plus  probable. 
 Guérin  raconte  (  1  )  qu’il  a  pris  i 5  grains  de  morelle  en  
 infusion  ,  sans  le  moindre  symptôme  subséquent.  Il  dit  avoir  
 donné,  jusqu’à  a  drachmes  du  suc de  cette  plante,  à  un  jeune  
 épileptique,  sans  qu’il  s’en  soit  suivi  ni  torpeur,  ni  somnolence, 
   ni  aucun  des  autres symptômes  qu’on  croyait  une  suite  
 de  son  action.  Le  même  auteur  a  vu  cinq  militaires,  affaiblis  
 par  de  longues  fatigues  ,  qui  ont  pris  chacun  trois  drachmes  
 de  ce  suc ,  sans  aucun  inconvénient.  Desbois  de  Rochefort  (s)  
 dit  également  en  avoir  fait  prendre  de  fortes décoctions ,  sans  
 effet  nuisible  ;  mais  des  faits  bien  plus  généraux  viennent  à  
 l’appui  de  mon  opinion  sur  l’innocuité  des  feuilles  et  des  tiges  
 de  marelles. 
 La  plupart  des  auteurs  de  matière  médicale  ont  rapporté,'  
 avec  étonnement,  que  les  anciens  annoncent  la morelle  noire,  
 comme  une  plante  potagère  qu’on  employait  de  leur  temps  
 comme  aliment. 
 (1) De veget. venenat.  Alsatioe.  Argent.  1766.  p.  66 et suie. D’après Murray,  
 ouer.  cit.  I. p.  626. 
 (2)  Cours  élémentaire  de  matière  m éd ica le .,  an  1 1 .   I I .  p .  a o o ,