actuels désignent sous le nom de Strychnos, n a aucun rapport
avec celui des Grecs.
Voilà , je crois , tout ce que nous savons des Solanum connus
des anciens. On n’est pas étonné qu’ils n’en connussent qu’un si
petit nombre , lorsqu’on se rappelle qu’ils étaient bornés à la
botanique d’une petite partie de l’Europe, et que la plupart
dès Solanum habitent sous les tropiques ou dans les contrées
voisines des tropiques. 11 ne nous reste presque rien sur ces
plantes , des temps de barbarie qui ont suivi l’époque dont
nous venons de parler. Il est seulement fait mention d’un très-
petit nombre d’entr’elles, dans les écrits de quelques Arabes.
A la renaissance des lettres , après s’être occupés presqu’inu-
tilement de l’étude des anciens , les botanistes cherchèrent à
connaître les plantes qui étaient répandues autour d’eux. Nous
trouvons les Solanum de nos climats, décrits dans les auteurs de
cette époque , ( le commencement du seizième siècle. ) Des voyages
lointains agrandirent les connaissances botaniques , et dans
la dernière moitié de ce même siècle, la science commença à
avoir des bases solides. Les espèces de Solanum connues alors
étaient désignées par les divers auteurs sous dès noms difFérens.
L’illustreBauhin, dans le commencement du dix-septième siècle*
coordonna dans son Pinax tout ce qui avait été fait avant
lui. Dans sa classification des végétaux , qui était une classification
naturelle par tâtonnement , il réunit sous le nom de
Solanum , outre les espèces , connues de son temps, de ce genre
tel qu’il est établi aujourd’hui, plusieurs autres plantes de la
famille ou de familles.voisines. Sa.nomenclature fut adoptée de
la plupart des botanistes qui le suivirent (i) , jusqu’à l’époque
où Tournefort parut. Ce grand Botaniste mit, comme, on sait,
plus de précision dans la classification, en établissant les groupes
d’espèces appelés genres , d’une manière plus rationnelle
qu’on ne l’avait fait jusqu’à lui. Il distribua les espèees de Sola-
(i) Kay , Plukenct, Morison , etc.
num de G. Bauhin en plusieurs genres (i). Trois d’enlr’eux désignés
sous les noms de Solanum , Melongena et Lycopersicon,
renfermaient les espèces , connues de son temps , de notre genre
■ Solanum actuel. Quoique ces genres , d’après les caractères que
Tournefort leur assigne, paraissent avoir été fondés sur la seule
considération des organes de la reproduction , on voit ici évidemment
que ce botaniste s’était dirigé aussi par l’analogie
générale des espèces.
L’anatomie ou du moins l’organographie végétale était peu
avancée à cette époque , et les caractères de différence que
Tournefort et les botanistes de son école donnèrent à ces trois
genres, se sont trouvés par la suite de nulle valeur. Ce fut
vraisemblablement sur la considération de ces caractères , que
le célèbre Linné, dans sa grande réforme delà nomenclature,
réunit les trois genres Solanum, Melongena et Lycopersicon
de Tournefort en un seul, sous le nom le plus ancien , celui de
Solanum (a), auquel il donna pour caractère principal , d’avoir
les anthères s’ouvrant par deux pores terminaux. La pluralité
des botanistes adoptant la nomenclature Linnéenne, a conservé
ce genre tel que Linné l’avait établi , en y laissant toutes les
espèces qu’il y avait réunies et leurs analogues connues depuis lui.
Un naturaliste moins célèbre , mais non moins recommandable
que Linné, Adanson (3) , réunissant les genres Solanum et Melon-
gêna de Tournefort en un seul, conserva le genre Lycopersicon ,
qu’il caractérisa par les anthères soudées et les graines velues.
Il croyait, comme Linné , que les anthères des espèces de ce
genre s’ouvraiçnt par deux pores terminaux , ainsi que cela a
lieu dans les vrais Solanum.
L’examen attentif des fleurs du Solanum lycopersicon de Linné
et des espèces voisines, m’a appris : que leurs anthères soudées
(1) Institutiones rei herbariæ. ■p. iSr.
(2) C. Liane, Genera plantarum. n.° î 51.
(3) Famille des plantes, r. a. P- 218.