Les Brésiliens (i) font un grand cas de la racine du Solarium
paniculatum, qu’ils regardent, prise en décoction , comme un
puissant diurétique.
Au rapport de Sloane (2), les racines d’un Solanum qui croît
à la Jamaïque et qu’il désigne sous le nom de Sol. bacciferum
■ flore luteo fruclu croceo , sont très-amères, et leur décoction
regardée comme un diurétique très-actif est employée également
par les médecins et les gens du peuple. Cet auteur assigne les
mêmes propriétés et le même emploi à celles du Sol. mammosum.
Hermann (3) dit que les racines du Sol. kermanni ( Sol. sodo-
meum L. ) sont âcres et presque amères ; qu’à l’exemple des
Hottentots, il en a employé la décoction dans les hydropisies
comme diurétique, et que toujours il en a obtenu un grand
succès.
Dans quelques-unes des Moluques (4), lorsqu’on a employé
en vain les moyens qu’on met ordinairement en usage pour
faciliter un accouchement difficile, on broyé dans l’eau la racine
du Sol. trongum , ou celle du Sol. pressum ; on filtre , et on
obtient une infusion nauséabonde qu’on fait prendre à la malade.
Rumphius assure que cette pratique a souvent beaucoup de
succès. Il rapporte que la même infusion est employée dans
l’odontalgie, et daus certaines douleurs de gencives.
Au Malabar (5) , les racines des Sol. undatum et lasiocarpum ,
triturées et données dans le vin , servent à exciter le vomissement;
prises seules à la dose de deux onces, elles favorisent
les excrétions alvines. O11 les emploie aussi en décoction, ainsi
que leurs feuilles , dans certaines fièvres muqueuses.
Dans la même région, la décoction de la racine du Sol.
fi) Pison. Bras. i 85.
(2) Sloane. Historia Jama'iq. I. p. 236.
(3) Hortus Bugduno-Batavus. p. 674.
(4) Bumpbu herbarium Amboinense. V. p. 24«.
(SJ Rhed. Hortus Malabaricus.- 11. p. 65 et 69.
violaceum est mise en usage mêlée avec du miel, dans certaines
fièvres , dans les catarrhes, dans la strangurie : on l’emploie aussi
avec l'addition d’une petite quantité de Cardamomum, comme
earroinative, et pour calmer les douleurs aiguës des intestins.
Aucune de ces assertions n’est appuyée sur des observations
détaillées et précises, dès cas dans lesquels ces substances ont
en l’effet désigné; nous ne pouvons donc en rien conclure de
bien rigoureux sur leur action. Néanmoins, si nous admettons
comme reconnu ce qui est rapporté par les auteurs , en résumant
ce que nous venons d’en dire, nous voyons : que les décoctions de
plusieurs de ces racines, dans des pays fort éloignés, sont employées
comme diurétiques; que les infusions aqueuses de quelques
autres sont mises en usage pour faciliter les accouchemens
difficiles, vraisemblablement parce que ces infusions ont une
action stimulante qui se dirige principalement sur l’appareil
génital qui est alors centré de fluxion; que d’autres, triturées
et données dans le vin , excitent le vomissement ; que la poudre
de Ces dernières est purgative à une certaine dose. De ces
rapprochemens, nous pourrons déduire cette hypothèse: que
les racines de Solanum qui ont été employées ont une action
excitante, et que, d’après le mode d’administration ou l’état du
malade, cette action paraît avoir lieu principalement sur tel ou
tel organe en particulier.
Je n’ai fait, dans ce résumé, aucune mention de ce qui est
rapporté dans l’Hortus Malabaricus, au sujet de l’administration
des décoctions de certaines de ces racines dans les maladies
aiguës. Ces rapports ne nous apprennent rien , parce que dans
ces maladies qui ont une marche régulière et constante qu’il
s’agit de ne pas déranger, on ne peut guère savoir, d’une manière
rigoureuse et précise, si une décoction a été utile ou non
à moins que son action n’ait été observée de la manière la
plus exacte ; tandis qu’indépendammeat des maladies, quelle
que soit leur riature , leur marche, leur terminaison , les
effets émétiques, diurétiques et purgatifs dont j ’ai parlé, sont