été cultivé long-temps avant son introduction en. Europe. « Celte
plante bienfaisante , dit M. de Hunabolt (i) , qette plante gilr
laquelle se fonde, en grande partie la population des pays les
plus stériles de l'Europe, présente le même phénomène que le
Bananier, le Mais et le Froment ; on ne connaît pas le lieu dont
elle est indigène. » Quelques recherches que ce savant naturaliste
ait faites sur les lieux qui paraissaient sa patrie , il n’a pu
savoir que personne l’ait trouvée sauvage , ni sur le sommet
des Cordillières, ni dans le royaume de la Nouvelle-Grenade,
où cette plante est cultivée avec le Chenopodium c/uinoa. Elle
était cultivée dans les environs de Quillo (a) ainsi qu’en Garo-
line (3), lors de la découverte de ces contrées.
L’Ecluse (4) est le-premier botaniste européen qui a fait
mention de celte plante. Il en reçut deux tubercules et des
fruits en i 588 , de Philippe de Sivry, Seigneur de Walhain. Il
la décrivit, et en donna la première figure dans son grand
ouvrage publié en 1691. U rapporte qu’elle devenait commune
dans certains jardins d’Allemagne , par la facilité avec laquelle
elle se reproduisait ; ajoutant qu’elle était déjà extrêmement
répandue dans quelques cantons de l’Italie , puisqu’elle y servait
d’aliment, non-seulement aux hommes, mais encore aux animaux
domestiques.
Gaspard Bauhin (5), dans son Prodromus publié en 1692 , en
donna une description ainsi qu’une figure : sa description est
en partie copiée de celle que l’Ecluse avait publiée l’année
précédente. En le copiant il le cita exactement, et malgré eela,
la plupart des auteurs postérieurs ont avancé que Bauhin avait
le premier fait connaître cet intéressant végétal.
(1) ;Essai sur la géographie des plantes. 1807. p. 29.
(2) Pet ru« Cieça. Cap. 40. chronici. d’après l’Ecluse.
(3) Aitgv Garrate et Goruora. Historia generalis Indiarum. d’après l’Ecluses.
(4) Cl nsi i historia plantarum. 2.a pars• lib. 2, p» 79. 15.9.1.
(5) C.. Bauh.. Prod. lib« 5. p, 89.
Presque tous ceux qui en ont parlé , s’accordent à dire qu’il
a été apporté de la Virginie en Europe , par Walther Raleigh.
On sait que ce célèbre navigateur (i) partit en i 585 , sous le
règne d’Elisabeth , pour aller faire -des découvertes sur la côte
orientale du nord de l’Amérique ; il mouilla dans la baye de
Roenoque , et donna le nom de Virginie à tout le pays que
l’Angleterre se proposait d’envahir. Depuis lors ce nom a été
assigné à une seule province des Etats-Unis, et la baye de
Roenoque fait aujourd'hui partie de la Caroline. Si Raleigh a
apporté en Europe les premières pommes de terre , c’est donc
de la Caroline et non de la Virginie qu’elles nous viennent. Mais
il paraît qu’à cette époque elles étaient depuis plusieurs années
en Europe, où elles avaient été apportées du Pérou par les
Espagnols. Voici sur quoi je fonde mon opiuion.
L’Espagnol Cieca (2) a fait connaître , vers le milieu du
seizième siècle , leur culture et leurs préparations an Pérou.
Nous avons vu que l’Ecluse, en 1691 , rapporte qu’elles étaient
déjà très - répandues dans quelques lieux de l’Italie, et cet
auteur ne fait aucune mention de leur introduction en Angleterre.
En outre, M. Targioni , professeur d’agriculture à
Florence , dans un ouvrage qu’il a publié ces dernières
années (3) , après avoir fait part de quelques petites circonstances
qui accompagnèrent l’introduction en Toscane en 1767
do Solarium luberosum venant d’Angleterre , ajoute qu’avant
cette époque il était connu et cultivé en Toscane, et probablement
à Vallombroza , puisqu’un père de couvent, Magazzini,
dans un ouvrage posthume sur l’agriculture toscane , ouvrage
imprimé à Venise en xôaS , dit p. 21 : Si pianlano in buon
(1) Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des
Européens dans les deux Indes. VI. pag. 236.
(2) Oup. cit. l. c.
(3) Lezioni de agricoltura specialmente Toscana 7 del dottore Ottaviano
Targjoni Tozelti. Il.pqg, 10.
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