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Avant de terminer ce qui concerne le vol des hyménoptères, je
ferai encore une observation sur la position respective de leur ailes.
Quoique ces insectes aient quatre ailes bien divise’es et bien séparées ,
on peut dire qu’ils n’en ont réellement que deux lorsqu’ils volent,
puisque l’aile inférieure se trouve toujours sur le même plan que
la supérieure , et qu’elle s’unit intimement à elle au moyen de
petits crochets qui la retiennent invariablement. Pour comprendre ce
mécanisme intéressant , qu’on détache l’aile inférieure d’un hymé-
noptère, et on verra, à l’aide d’une loupe, que la nervure du bord
antérieur se termine en dessus par un grand nombre de petites dents
courbées en S et dirigées en arrière, qui s’accrochent lorsque l’insecte
vole, au bord postérieur de l’aile supérieure, de façon que ces deux
parties ne forment plus qu’une seule et même voile. Pour apprécier
ensuite les avantages qui résultent, pour le vol de l’individu, de
l’union de ces deux ailes, qu’on coupe ces agrafes, et on reconnaîtra
à l’instant le but et la prévoyance de cette I n t e l l ig e n c e S u p r ê m e
qui a crayonné de la même main l'homme et la mouche.
Si, d a n s le s d e u x p r em ie r s o r d r e s , o n a p u d is t in g u e r f a c ilem e n t
le s f em e lle s d e s m â le s p a r la ta r iè r e to u jo u r s a p p a r e n t e q u ’e lle s
p o r t e n t à l ’e x tr ém ité d u v e n t r e , il n ’e n se ra p a s d e m êm e p o u r c e lu i- c i,
p u i s q u ’il n ’y a q u ’u n p e t i t n o m b r e d e g e n re s o ù le s f em e lle s a ie n t Ù
d é c o u v e r t c e t te m a r q u e C a r a c té ris tiq u e d e l e u r s e x e ; m a lg r é c e l a , je
tâ c h e r a i d e s u p p l é e r a c e t te p r i v a t i o n , e n fa is a n t r e s s o r t ir d ’a u tr e s
c a r a c tè r e s s e x u e ls m o in s s a i l l a n s , à la v é r i t é , m a is to u t a u ss i v ra is ;
On trouvera dans cet ordre un grand nombre de femelles qui, au
défaut de tarière, ont un aiguillon qu’elles emploient comme une
arme défensive ou offensive, et dont elles se servent avec autant
d’adresse que de force. Si cet aiguillon était toujours à découvert,
ce seroit un moyen bien sûr de reconnaître les sexes , puisque les
mâles en sont privés, mais le plus souvent il est caché dans l’abdomen,
d’où on ne peut le voir sortir que pendant la vie de l’animal.
Malgré toutes mes recherches pour découvrir le mâle et la femelle
de chaque espèce, il m’arrivera, plus d’une fois sans doute, en suivant
la nomenclature des auteurs , de donner deux dénominations différentes
aux couples qui m’ont été inconnus. Espérons que ces erreurs
seront rectifiées dans la suite par l’observation, lorsqu’on aura étudié
avec plus de soin l’histoire intéressante de ces insectes , ou lorsque
le hasard les aura fait trouver accouplés.
Hyménoptères. T om e i . N