
En Faisant reposer le premier de mes caractères génériques sur
les arles des hyménoptères, j’ai cru leur donner une base solide
et immuable ; mais les femelles des fourmis m’ont prouvé que
] étais dans l’erreur, puisque les ailes ne sont pour elles que des
especes de voiles empruntées par l’amour, qu’elles peuvent abandonner
volontairement dès qu’il est satisfait. Plus on réfléchit sur
cette singulière faculté, moins on Comprend quelle influence l’accouplement
peut avoir sur des parties qui n’ont aucun rapport avec
les organes de la génération , et la facilité qu’ont ces insectes à se'
séparer de leurs ailes, malgré la force des liens qui les unissent
au corselet, est encore pour nous un problème à résoudre.
Les fourmis sont assez connues pour pouvoir me dispenser de
chercher à les faire mieux connaître; elles ont un habitus particulier
que les enfans même savent apprécier. Le premier segment
de leur ventre a une forme à peu près lenticulaire , qui les
caractérise et qui empêche de les confondre avec d’autres hyménoptères.
Ces insectes vivent socialement, et leur société est-composée
de femelles, de mâles et d’ouvrières qui travaillent avec activité
pour satisfaire aux besoins de la colonie.
J’ai séparé les fourmis en deux familles à cause de la nervure
récurrente qui existe dans les ailes des unes et non pas dans celles
des antres ; outre ce caractère , on en trouve un antre dans le
corselet des ouvrières, qui est sans inégalités dans celles de la
première famille, tandis qu’il est profondément déprimé au milieu
dans celles de la seconde.
La figure de l’aile des fourmis, représentée â la 3.' case de la pi. 3,
appartient à la seconde famille de ce genre; mais en supprimant
la nervure récurrente , on aura celle de la première famille, les
cellules étant d’ailleurs exactement semblables.
M.r Latreille a publié en 1802 l’histoire naturelle des fourmis,
dans laquelle il a rassemblé tout ce qu’on avait écrit sur ce sujet,
en l’enrichissant de ses propres découvertes, et en y ajoutant les
descriptions et les figures d’un très - grand nombre de fourmis
indigènes et exotiques , dont plusieurs étaient encore inconnues, ce
qui rend son ouvrage précieux et indispensable aux naturalistes.
Si l’on jette un coup-d’oeil sur le tableau analytique des familles
de ce genre présenté par cet auteur, on verra que les divisions et
subdivisions qu’il avait établies dans ce genre nombreux, étaient
essentiellement fondées sur la forme de deux première segmens du
ventre. Depuis cette époque il a converti ces divisions en genres
qu’il a nommés fourmi , polyergue , odontomaque , ponère ,
ecitoh , myrmice et cryptocère.
M.r Fabricius a tiré aussi de son ancien genre formica quatre
genres nouveaux, auxquels il a donné les dénominations suivantes?
lasius, cryptocerus , atta , myrmecia ; mais je ne me permettrai
aucune réflexion sur ces genres, n’ayant pas dans ma collection
les insectes ailés qui les composent.
Nota. Ce genre a été établi sur l’inspection de trente-quatre individus, femelles,
mâles et ouvrières.