
I N T R O D U C T I O N ,
les placer dans tel ou tel genre (i) ; de sorte qu’on peut en inférer
que l’ope'ration que nécessite le système dont nous parlons, pour
reconnaître les genres, n’est pas également praticable par tous les
naturalistes , et qu’elle est impraticable sur de petits individus (2).
Examinons maintenant si les caractères génériques fournis par
les organes de la manducation sont assez positifs pour écarter toute
incertitude.
Pour peu qu’on réfléchisse sur l’extrême petitesse de ces parties,
on conviendra, si l’on est de bonne foi, de l’impossibilité de trouver
dans les modifications de leur forme des nuances assez prononcées
pour pouvoir établir sur elles des caractères génériques qui ne laissent
pas de doutes : au reste, les éditions successives de l’Entomologie
de M.1 Fabricius en fournissent la preuve. En effet, on voit cet
auteur mutiler ses anciens genres, et de leurs débris en créer de
nouveaux 1 de sorte qu d n est pas rare de trouver des insectes qui
ont déjà reçu plusieurs dénominations génériques différentes. O r ,
f i ) P a rv i h i ichneumoneg, dit M.1 Fabricius , forte proprii g en e ris , at
characterem nondum eruere valut, Suppl., page 22g.
(2) L e rédacteur de 1 .Encyclopédie méthodique s’est exprimé Sur ce' sujet en
ces termes, tome 4 , p . 117 : « Si la méthode de Fabricius a le mérite de la nouveauté,
» et peut-être celui de convenir à un plus grand nombre d’insectes que les autres
» méthodes, elle a le défaut d’être fondée sur des caractères très-peu apparens
» difficilesa remarquer dans le plus grand nombre des insectes, d’une extrême
)> difficulté à saisir dans les petits , dans la plupart de ’ceux qui sont desséchés, et aisés
» a confondre dans tous , ou très-difficiles à déterminer à cause d e là petitesse , de la
» situation et de l’enfoncement des parties cachées , environnées , couvertes par
» d’autres. Quels que soient les avantages d’une pareille méthode, elle manque de
» deux conditions qui me paraissent les principales : d’être facile, aisément applicable
» à toutes les ciiconstances , et d’abréger le temps en rendant l ’élude plus aisée. »
s’il existe dé si grandes difficultés pour bien voir les organes de la
bouche, comment les jeunes gens qui débutent dans cette science
parviendront-ils à sortir de ce dédale (1) ? Je prévois que l’on me
répondra que cette fluctuation dans la fixation des genres ne dépend
pas du système, et qu’elle tient uniquement à ce qu’on a placé
plusieurs insectes, dans tel ou tel genre, sur leur habitus, n’ayant
pas encore pu disséquer tous ceux qu’on a décrits.
Qu’on veuille bien considérer qu’en faisant une semblable réponse
on sape les bases d’un système ; car, dès que les caractères génériques
ne reposent pas sur des parties assez apparentes pour pouvoir être
facilement aperçues 5 des qu’on ne peut reconnaître un genre que
par une dissection très-difficile , souvent impossible, et dont les
résultats sont autant incertains , un tel système ne pourra pas se
soutenir; il sera relégué dans le cabinet d’un petit nombre de
naturalistes qui voudront consacrer une grande partie de leur vie a
l ’examen des organes de la bouche de tous les insectes qu’ils posséderont;
et, en admettant qu’ils parviennent enfin à donner un généra
fondé sur des faits incontestables, qu’en résultera-t-il ? Ce sera une
formule qu’on emploiera par routine et non par conviction (2).
.( 1 ) M.r Latreille, q u i, mieux que personne, en a connu toutes les difficultés, ditr
» Que Télève se garde bien de vouloir d’abord connaître les genres d’après le
» système de l ’entomologiste de Kiel : outre qu’il prendrait souvent une peine inutile,
» il se dégoûterait de la science : on ne se familiarise guères avec ce système que par
)} ses points de contact avec les autres, ou par le moyen des figures qu’il indique
» aux espèces. Les caractères secondaires qu’il a ajoutés à ceux qui sont pris de la
» bouche, dans la nouvelle édilion de son Entomologie, ne peuvent suffisamment
» obviera ces difficultés, étant trop longs, et n’étant pas comparatifs. » Histoire
des insectes, page 56.
(2) Voici la preuve de cette assertion. M.r Fabricius a donné depuis peu une
nouvelle édition de ses ouvrages , où l’on trouve un grand nombre de genres