
Les mutilles sont assez rares; elles habitent ordinairement les
montagnes, ou des lieux peu fréquentés, ce qui fait que leur histoire
est peu connue. Comme elles ont des rapports avec les fourmis ,
on pourrait supposer qu’il doit y avoir des femelles ailées, tandis
que les ouvrières seules sont privées d’ailes; mais cette supposition
n’étant encore appuyée d’aucune observation exacte, j’appelerai
femelles, dans l’indication spécifique, tous les individus qui n’ont
pas d’ailes, et mâles tous ceux qui en seront pourvus , d’autant
plus que ceux-ci ont plusieurs caractères particuliers à leur sexe,
savoir : un anneau de plus aux antennes, un segment de plus au
ventre, et deux petites épines placées sur les parties latérales du
dernier segment abdominal. Ces mâles sont remarquables par la
grandeur des épaulettes de leurs ailes, ce qui peut servir à les faire
distinguer des autres hyménoptères.
Je ne saurais à quelle cause attribuer les différences qu’on observe
dans la forme des mandibules des mutilles, soit dans un sexe , soit
dans l’autre. Parmi les mâles, l'europoea en a de très-grosses., larges
au bout, et sillonnées plutôt que dentées ; la pedemontana les a
tridentées et éperonnées ; celles de Xaustricica sont de même,
mais sans éperon , tandis que celles de Xitalica sont e'troites.et à
peine bidente'es. Parmi les femelles , Xatrata , Xeuropoea , la
calva , la ciliatà , ont les mandibules fortes et tridentées , tandis
que la coron ata, la diadema, la coccinea , les ont grêles et faiblement
bidente'es.
La différence du sexe influe d’une manière bien particulière sur
les yeux des insectes de ce genre, puisque ceux des femelles sont
petits , ronds et entiers , tandis que ceux des mâles sont grands ,
ovales et échancrés ; les mâles ont de plus , sur le sommet de la
tête, les trois petits yeux lisses dont les femelles sont privées.
Quel a été le but de la nature en établissant de telles disparates,
et quelle en est l’utilité ? Ce sont des problèmes que nous 11e
pouvons pas résoudre , à cause de notre ignorance sur l’histoire
de ces insectes, mais qui méritent bien de fixer l’attention des
naturalistes.
Le corselet n’a pas la même organisation dans les deux sexes :
chez les mâles on voit deux lignes longitudinales qui s’étendent
depuis sa partie antérieure jusqu’à son écusson, laissant 1 entre elles
une plaque d’un carré-long , au lieu que chez les femelles il n’est
formé que d’une seule pièce alongée , tronquée en devant et en
arrière, et absolument dénuée d’écusson.
Quoique la forme, bien caractérisée , des insectes qui composent
ce genre soit de nature à en exclure tous les individus qui lui sont
étrangers , néanmoins, en comparant la description des caractères
génériques donnée par M.r ï ’abricius, avec ,ce qui existe dans
plusieurs mutilles , on sérait 'tenté de soupçonner, ou qu’il s’est
glissé quelque erreur dans l’inspection des individus soumis à son
examen ; ou que ces organes sout susceptibles de recevoir de grandes
modifications. Cet auteur dit que les barbillons antérieurs ont le
troisième anneau très-long, et que les postérieurs ont cinq anneaux,
le second très-long , le quatrième très-court et plus large , et que
les mandibules sont pointues et entières. En admettant ces caractères
, il serait impossible de reconnaître la plupart des mutilles,
à en juger du moins par l’examen que j’ai fait de ces organes.
Les barbillons antérieurs sont bien composés de six anneaux , le
premier petit et court, le second et le troisième de même longueur,
mais ce dernier aplati et large ; les trois derniers aussi longs que
le troisième, et presque cylindriques. Les barbillons postérieurs
n’ont que quatre anneaux à peu près égaux , et de figure différente,
Hyménoptères. T ome j . L 1