
d’un hyménoptère par la seule inspection de ses ailes, et en leur
annonçant qu’avec un peu d’habitude ils acquerront la même facilité.
Quoique j’aie annoncé les avantages de la méthode que je propose,
je ne me suis pas fait illusion sur ses imperfections, dont la plus
essentielle consiste dans l’impossibilité d’appliquer le premier des
caractères génériques, et conséquemment le plus important, à tous
les hyménoptères, puisqu’il y en a quelques-uns qui n’ont pas d’ailes ;
mais dès qu’on peut suppléer à cette privation d’ailes par les autres
caractères génériques et par Y habitus de ces individus, d’où sont
tirés les caractères accessoires, alors cette imperfection s’atténue et
se réduit à rien. Si l’on voulait employer cette espèce d’anomalie
pour attaquer ma méthode , il faudrait auparavant changer la
dénomination de cette classe, puisqu’elle est formée de deux mots
grecs (1) qui veulent dire aile membraneuse, et assigner en même
temps un autre nom à la classe des lépidoptères , puisque parmi
eux il y en a plusieurs qui sont privés d’ailes.
Le docteur Klug a fait paraître, en i 8o3 , une très-bonne monographie
des sirex de l’Allemagne, accompagnée de gravures coloriées,
remarquables par leur beauté et leur exactitude, dans laquelle il a
combattu d’une manière un peu trop prématurée la validité de mes
caractères génériques, qui n’étaient pas censés devoir être connus,
puisque je n’avais encore rien publié sur ce sujet.
Voici comment il s’est exprimé.
N um principio illo de ramificatione venarum petilo in
omnibus classis piezatorum individuis ipsis uti possumus ?
Ichneumones apteros, oeque ac multorum aliorum generum
species alis omnino destitutas silentio prætereo ,• at quomodo,
(1 ) gtpii ala , el tï/tiït membrana.
quæso , digeramus animalcula ilia aut alis aveniis instructa
aut omnino apteraet structura quam maxime singulariproedila,
quarum plura ipse in museo possideo , et plura haud dubie
nondum observata s u n t, in quibus ne ex analogia quidem
concludere potest ?
Quoique ce ne soit qu’à regret que j’aborde une discussion de ce
genre, je répondrai néanmoins au docteur, en lui faisant remarquer
d’abord que s’il a eu la générosité de passer sous silence les hyménoptères
privés d’ailes, il ne tarde pas à les remettre en scène dans
la phrase suivante. E t quomodo, quæso, digeramus animalcula
ilia omnino aptera etc. Je ne dois donc pas lui savoir gré de sa
réticence, puisqu’elle est illusoire; mais, quoiqu’il en soit, j’avais
prévu son objection, et je viens d’y répondre.
Relativement à la seconde partie de sa question, je lui dirai que
quel que soit le nombre des petits hyménoptères qu’il ait dans sa
collection, il n’en est aucun sur le genre duquel je ne puisse prononcer
par la seule inspection de la grande aile. Ce ne sera donc pas par
analogie que je jugerai ces insectes , puisque je peux, à rigueur, me
dispenser de voir leur corps.
Quant à ce qui concerne les hyménoptères qu’on n’a pas encore
observés, j’attendrai de les avoir vus avant que de répondre.
Si je voulais me venger de l’attaque que m’a faite M.r Klug, je
l’inviterais à chercher dans les organes de la bouche, comme il l’a
fait pour les sirex, les caractères génériques des petits insectes dont
il a parlé ; mais je serai plus généreux, et, sans prétendre faire de lui
un prosélyte, je l’engagerai à attendre, avec moi, le résultat de
l’expérience, puisque si la méthode que je propose est bonne elle
sera accueillie et on la suivra ; si au contraire elle est mauvaise elle
tombera : ce sera donc l’avenir qui la jugera , et c’est à lui seul qu’il
appartient de le faire.