
J’ai dit dans l’Introduction qu’on pourrait, si on le voulait,
convertir en genres les familles que j’ai établies, en assurant, néanmoins,
que cette substitution d’un mot à un autre ne pouvait pas
attaquer les bases de ma méthode. C’est bien dans ce genre qu’on
peut en faire l’application ; car je n’ai réuni les deux dernières familles
des plèrones à la première que par la considération du nombre des
cellules radiales et cubitales, sans avoir égard à la forme des antennes
et au nombre d’anneaux dont elles sont composées : si j’eusse agi
différemment j’aurais jeté sur mes genres une espèce de confusion,
en sacrifiant le premier de mes caractères génériques aux autres,
puisque les plèrones sont les seuls hyménoptères' de cet ordre qui
aient une cellule radiale et trois cubitales.
Les mâles de plusieurs espèces de phalènes ne sont pas les seuls
insectes que la nature ait distingués de leurs femelles par des antennes
pennées; on trouve ce même caractère sexuel dans quelques coléoptères
, et parmi les hyménoptères on peut offrir la première famille
de ce genre, dont quelques mâles ont des antennes très-remarquables
par l'arrangement symétrique de longs filets pennés qui partent de
la tige, tandis que les femelles les ont seulement en scie.
Les femelles des plèrones, dont les mâles portent des antennes
pennées, ont la tête fort aplatie de devant en arrière; l’abdomen gros,
large et raccourci, tandis que les espèces qui n’ont que neuf anneaux
aux antennes ont, en général , le port des nèmates.
Les plèrones de la première famille ont, dans la première cellule
cubitale, le commencement d’une petite nervure qui s’avance dans la
membrane jusqu’au tiers de la cellule, et qui, si elle se prolongeait,
produirait alors quatre cellules cubitales au lieu de trois. Je ne doute
pas que si nous avions, dans ce genre, de plus grands individus, nous
ne vissions cette première cellule partagée : dans ce cas, il faudrait
nécessairement créer un nouveau genre pour cette première famille.
Je ferai remarquer ici qu’il est bien étonnant de ne pas trouver
davantage de tenthrèdes exotiques décrites dans l’ouvrage de
M.r Fabricius, lui qui a visité un si grand nombre de collections.
On serait presque en droit de demander à quoi tient cette rareté,
si l’on ne connaissait pas le peu d’empressement qu’on a eu jusqu’à
présent pour collecter les hyménoptères et les diptères.
Toutes les larves des plèrones, dont les antennes sont à barbes,
ou pennées, vivent en société sur le pin, et ont vingt-deux pattes :
c’est sur ces arbres qu’il faut les chercher pour les élever et en obtenir
des insectes parfaits, qu’on ne peut se procurer autrement que très-
difficilement.
La forme des antennes des plèrones de la première famille, et
le nombre d’anneaux dont elles sont composées ont déterminé
M.r Latreille à ranger ces hyménoptères dans un nouveau genre qu’il
a nommé lophjre. Pour M.r Fabricius, il a préféré les laisser dans le
genre hylotoma, en les séparant des autres espèces par une simple
division fondée sur les antennes.
Nota. Ce genre a été établi sur l’inspection de douze femelles et de huit mâle».