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CONSIDÉRATIONS SOMMAIRES
Le tissu cellulaire est recom ert par une peau plus ou moins
fine ou plus ou moins épaisse, qui supporte dans des sortes
de quinconces réguliers la base des plumes. Celles-ci sont
colorées de toutes les manières, et présentent dans leur nature
des modifications assez grandes. Ainsi, à part les plumes
nommées rémiges, rectrices, ou celles appelées couvertures,
il en est qui sont à barbules, à facettes, et qui reflètent la
lumière: celles-là sont presque toujours métallisées et appelées
plumes gemmacées : d'autres ont leurs barbes garnies de
barbules longues, lâches et flottantes, qui sont les plumes decomposées;
il en est, enfin, qui imitent des crins ou des soies,
parce que les barbes manquent complètement. Quant à la nature
des plumes, elle imite le satin, la soie; elle est rude, hispidulc,
frisée, sordide, colorée, vivement colorée, ou métallisée,
etc. Très-souvent le tour des veux, les joues, sont nus, ou
la tête se trouve garnie de fanons charnus. Le plus souvent
ces nudités sont dues à un tissu érectile, qui se gorge de sang
et se colore avec éclat à l'époque des amours. Enfin, les jeunes
oiseaux ont rarement la livrée de leurs père et mère, et
ceux-ci changent souvent de plumage plusieurs fois dans l'année,
ou diffèrent beaucoup sous ce rapport l'un de l'autre,
bien que les mâles remportent toujours par leurs parures suites
femelles.
Lorsque le printemps ou le renouvellement de la saison
opportune appelle les oiseaux à satisfaire aux fonctions importantes
de la reproduction de l'espèce, leur voix prend
plus d'extensiou; leur plumage se colore avec plus de fraîcheur;
les mâles et les femelles se recherchent, et quelques
espèces demeurent unies tant que sont nécessaires les soins
à donner à leur progéniture. La fécondation se fait par simple
contact d'un pénis façonné en bouton et adapté sur l'orifice
extérieur du cloaque. Chez quelques espèces il y a vraiment
intromission d'une verge bien formée et assez saillante
(l'alecto). Le fluide fécondant ayant imprégné l'ovule, il
en résulte que l'oeuf, échauffé par la température du corps
pendant un temps dont la durée varie suivant les espèces,
renferme le j,eune oiseau qui, après la période d'incubation,
et armé d'une pointe accessoire à l'extrémité du bec.
doit briser sa coquille, et devenir apte à recevoir la nour-
S U R LES OISEAUX. XIX
riture que lui dégorgent ses père et mère. L'autruche et le
tavon laissent, dit-on, à l'influence de la chaleur solaire le
soin de couver leurs auifs, et le coucou confie à des oiseaux
étrangers ceux qu'il va pondre dans leurs nids, sans s'inquiéter
de leur sort futur; mais les autres oiseaux témoignent par leurs
soins attentifs tout l'attachement qu'ils ont pour les fruits de
leur union : ils placent leurs oeufs dans des nids de formes
très-variables, et qui décèlent la plus ingénieuse prévoyance.
Certains oiseaux de proie se bornent a réunir en tas des bûchettes
pour recevoir leur ponte sur quelque roc inaccessible.
Quelques palmipèdes les laissent sur les rivages ; d'autres creusent
des terriers pour les loger. La plupart, enfin, tissent avec
art la paille. les joncs. les petits rameaux, la mousse, la bourre
cotonneuse de certaines graines, pour en faire des berceaux
délicats, doux et mollets, garantis avec une extrême prudence
ou un art admirable des embûches de leurs ennemis.
Quelques espèces se réunissent par essaims; d'autres fuient la
compagnie de leurs semblables, et s'isolent dans les masures,
les ruines. Certains choisissent les arbres, les fentes de rochers,
les buissons, les roseaux. Enfin, véritables architectes,
des hirondelles et le fournier hornero construisent en maçonnerie
leur demeure: et une espèce en outre, la salangane,
élaborant avec son gésier le fucus qu'elle pêche sur la mer,
en tisse des nids qu'on mange dans toute l'Asie méridionale,
où ils sont célèbres sous le nom de nids d'oiseaux.
La ponte n'a lieu qu'une fois l'an, ou dans certains cas
plus souvent. Les oiseaux domestiques seuls pondent le plus
ordinairement toute l'année; ce qui est dû à une nourriture
abondante, prise sans effort, et à une vie inactive.
L'hibernation ou l'engourdissement pendant l'hiver, dans lequel
tombent quelques oiseaux, est encore très-peu connu.
Ce phénomène a été contesté par beaucoup d'auteurs, bien
qu'on ait cependant des faits qui semblent le prouver d'une
manière à peu près irrécusable. 11 en est de même de la
raison physiologique par laquelle on essaie d'expliquer les
migrations annuelles de certaines espèces, qui , à des
époques régulières, quittent les contrées où elles ont passe
une partie de l'année, pour se retirer dans une autre plus
convenable, presque toujours aux approches des changemens