
paraît aussi importante à résoudre que les précédentes : c’est
la manière dont les oeufs fécondés sortent du corps. Est-ce par
la trompe, comme le veulent quelques auteurs, ou bien par le
canal qui termine l’ovaire et s’ouvre à l’extérieur, par un pore
à peine sensible sur le plus grand nombre des individus?
J’ai cherché en vain, sur tous les échinorhynques vivants que
j’ai eus à ma disposition, à voir sortir les oeufs par la trompe
et par la queue.
J’ai comprimé avec force les deux extrémités du corps, sur plus
de cent cinquante échinorhynques vivants ou morts, conservés dans
leur état de flaccidité naturelle, ou distendus par de l’eau ; j’ai
remarqué, pour la trompe, qu’elle s’alonge à mesure qu’on presse
le corps, et qu’il en suinte bientôt, comme d’une éponge, un fluide
jaunâtre, transparent, plus pesant que l’eau, et qui est quelquefois
laiteux. Dans ce dernier cas, il paraît, au microscope, formé de
globules arrondis, très petits, et distincts principalement sur
les échinorhynques qui . ont séjourné dans l’alcohol. Les globules
ronds et opaques de ce fluide lactescent, lequel s’échappe aussi
par les porosités de la peau pendant la compression exercée sur lè
corps ( i) , ne sauraient, sous-aucun rapport, être confondus avec
les ovules alongés et transparents renfermés dans les ovaires. Si on
continue la compression , il se fait des ruptures au corps ou
aux environs de la trompe, et les oeufs véritables s’élancent avec
force ; mais il m’a toujours été impossible d’en faire sortir, même
un seul, par le pore central de la trompe (2). 1
(1) Pour bien observer l’issue de ce fluide par la trompe et par les pores de
la peau, fl faut comprimer le corps, en le tenant plongé dans un verre d’eau
bien limpide. A mesure que le liquide laiteux s’échappe, on le voit gagner
proînptement le fond de l’eau.
(2) M. Otto a obtenu des résultats absolument semblables aux miens : il n’a
jamais pu faire sortir les oeufs par la trompe.
Quand on comprime la queue, le pore central ou l’orifice extérieur
du canal, que je considère comme I’oviducte, laisse quelquefois
échapper des gouttelettes de sérosité, d’autres fois il n’en sort
absolument rien. Sur trois échinorhynques frais et sur deux conservés
dans l’alcohol, je suis parvenu à faire sortir sans rupture,
cet orifice, des oeufs non fécondés.
Probablement que l’issue des oeufs étant volontaire, dépend de
mouvements particuliers qu’on ne saurait remplacer après la mort
par des moyens artificiels; peut-être aussi, à certaines époques,
l’oviducte et le pore central de la queue se dilatent-ils pour laisser
sortir les oeufs avec plus de facilité ?
L’issue des oeufs par la queue, effet de la pression exercée sur
le corps ; l’existence des ovules dans le corps vert qui coiffe la
queue de plusieurs femelles ; l’impossibilité de faire sortir les
oeufs par la trompe, m’autorisent à ne point adopter l’opinion de
M. Rucjolphi et de plusieurs autres naturalistes, qui pensent que
les oeufs sortent du corps par le canal de la trompe (1).
(1) Les auteurs qui disent avoir fait sortir les oeufs par lè pore de la trompe,
en comprimant le corps du ver, ont sans doute pris pour eux le fluide laiteux
qui en suinte assez souvent pendant cette expérience.