
D’après ce que je viens de dire de la couleur, de l’organisation,
des propriétés des lignes latérales, il serait difficile de les confondre
avec les fibres musculaires et les nerfs.
La bande profonde et le vaisseau moyen qui, par leur réunion,
constituent les lignes latérales, paraissent formés par un tissu spongieux,
perméable. Comment les fluides circulent - ils dans leur
intérieur ? est-ce d’une manière lente et insensible, par une
sorte d’imbibition vitale P Cette hypothèse me paraît admissible.
Peut-être ces parties sont-elles à la fois les organes de la circulation
et de la respiration ? cette -dernière fonction*a été admise ,
comme on sait, par plusieurs naturalistes, dans les vers intesti -
naux (i). 1
(1) Ces naturalistes j connaissant toute l'importance de la respiration dans les
animaux des classes supérieures, ont cru que cette fonction devait exister aussi
dans les vers intestinaux. Ainsi,
Vallisnieri regardait les lignes dorsales et abdominales de l’ascaride lombri-
coïde comme une suite de petits coeurs, les fibres transversales comme des
artères et des veines, et les lignes latérales comme des trachées. (Nuove osser-
vazioni ed esp. intorno ail’ ovaja scop. ne’ vermi dell’ uomo, 1713, p. i4* )
Zeder, qui avait d’abord refusé la respiration aux vers intestinaux, leur accorda
ensuite cette fonction, en ayant égard à la nature parenchymateuse des lignes
latérales de l’ascaride lombricoïde, qu’il considère comme des organes respiratoires.
[Voy. Rudolphi, Entoz., t. III, p. 371.)
M. deHumboldt pense que les vers intestinaux respirent parla peau.Il rapporte
plusieurs observations et expériences à l’appui de son opinion. ( Versuche iiber
diegereizte muskelundnervenfases, t. I , p. 272.)
J. L. Fischer regarde les aiguillons des ténias comme des organes de la respiration.
( TVerneri brev. exposit. cont. 2 , p. 5o, 1786.)
Steinbuch., dont les observations helminthologiques sont faites avec une si
rare exactitude, considérant les suçoirs des ténias et des cysticerques, les pores
des trémalodes et le tube qui sort de la trompe de quelques échinorhynques,
comme des organes de la respiration , croit qu’au moyen des crochets dont
1 VII.
DES ORGANES DE LA GÉNÉRATION.
J’ai indiqué les caractères extérieurs qui pouvaient servir à faire
distinguer les lombrics mâles et femelles; j’ai établi dans quel
rapporties sexes se trouvaient entre eux ; il me reste à traiter mainplusieurs
de ces animaux sont armés, ils irritent la partie sur laquelle ils se fixent,
et qu’alors les suçoirs, les trompes, ou les pores absorbent l'oxygène; mais
ce sont de simples hypothèses, qui ne reposent sur aucun fait. ( Comment. de
toenia hydat. anom., etc. )
M. Rudolphi refuse la respiration aux helminthes, parcequ’il ne connaît pas
d’organes spéciaux pour cette fonction, et que les lieux qu’ils habitent lui
semblent peu propres à son exercice, sans cependant l’exclure entièrement.
Selon ce naturaliste, les expériences que l’on a tentées jusqu’ici sur la respiration
des vers intestinaux ne sauraient prouver son existence, mais indiquent seulement
que ces animaux peuvent supporter, pendant un certain temps, le contact
de l’air et des autres gaz. En s’étayant des expériences de L. Spallanzani sur la
respiration, il croit que les helminthes prennent l’oxygène dans les humeurs
intestinales par absorption cutanée, ou bien dans leurs aliments par absorption
intérieure, plutôt que par une véritable respiration. [Entoz. , t. I , p. 243. )
Les diverses expériences que j’ai faites , pour m’assurer de l’existence de la
respiration dans l’ascaride lombricoïde et l’échinorhynque géant, sont à peu
près conformes à, celles de Sorg. J’ai remarqué que ces vers pouvaient vivre
de quarante à quarante-huit heures dans de l’eau et du lait tiède, sans venir
à la surface, ce qui semble indiquer que le contact de l’oxygène à l’état gazeux
n’est pas essentiel à leur existence ÿ qu’ils vivaient une à deux heures , et même
quelquefois davantage, dans l’air atmosphérique; à peu près autant dans les gaz
azote, hydrogène, acide carbonique; qu’ils s’agitaient fortement dans le chlore,
le gaz nitreux, l’hydrogène sulfuré, et mouraient après quelques minutes. Mais
ces expériences ne me paraissent nullement satisfaisantes pour décider la ques-
6.