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 que  j’ai  conservés  assez long-temps en vie  dans de  l’eau et du lait  
 dont  la température était maintenue à trente-deux degrés. Voici les  
 principales  observations que  j’ai  faites, indépendamment  des  remarques  
 que j ’ai déjà données sur la  persistance de  la contraction  
 musculaire  dans ce genre de  ver. 
 Les  ascarides  lombricoïdes  se meuvent  avec  assez  de  force  et  
 d’agilité  quand  on  les  extrait  d’un  animal  nouvellementégorgé  
 et qu’on les plonge  aussitôt dans de l’eau  tiède.  Ils peuvent se  raccourcir  
 ( i),  s’alonger  (2),  former différentes  courbes,  ramper,  
 s’enlacer en manière de noeuds, s’entortiller, se pelotonner les uns  
 autour des  autres. 
 Les  mouvements  de  l’extrémité  antérieure  du  corps  sont plus  
 vifs  et plus fréquents que  ceux de  la  postérieure  (3). 
 Les mouvements sont généraux,  ou  se  font  partiellement ;  sou- 1 
 a minent  au  canal  intestinal. »  ( Dict.  des scîenc.  nat.,  t.  III, Append., pâg.  40-)  
 J’avais  d’abord  cru,  ainsi  que  M.  de Blainville,  que ces fibres  internes et  transversales  
 étaient  charnues;  mais  un  examen  plus  attentif  m’a  fait  découvrir  
 qu’elles étaient  d’une  autre nature. 
 (1)  Le  raccourcissement  est  dû  à l’action  simultanée des  fibres  longitudinales  
 du  dos  et  de  l’abdomen.  Ce mouvement  est  bien  moins  sensible  que  ceux  de  
 flexion  et  d’extension,  produits par ces mêmes muscles,  qui  se contractent et  se  
 relâchent  alternativement.  Pendantle raccourcissement,  le  corps  grossittrès  peu,  
 mais les rides  transversales de la peau se multiplient  et se prononcent davantage. 
 (2)  L’alongement  du  lombric  est  produit par  les fibres  annulaires, lesquelles,  
 venant  à  se  contracter,  rétrécissent  le  corps  et  l’alongent  en  comprimant  les  
 organes  et  la  sérosité  qu’il renferme.  Ce  mouvement  est très borné,  et  pendant  
 qu’il  a  lieu,  les  rides  de  la  peau  s’effacent  en  partie  ou  même  disparaissent  
 entièrement. 
 (3) -La  tête  de tous les  vers  intestinaux  que  j’ai  pu  examiner  vivants  m’a  toujours  
 paru  jouir  de  mouvêments  plus  prompts  et  plus  étendus  que  ceux  des  
 autres-parties. 
 vent,  dans un même instant,  le corps se  raccourcit dans un point,  
 tandis  qu’il  s’alonge  dans  un autre ;  se  fléchit  dans  un  endroit  et  
 se  redresse dans un autre,  etc.  (1). 
 Lés  lombrics  se meuvent  principalement  par  des mouvements  
 ondulatoires,  lesquels résultent de flexions  et  d’extensions  qui  se  
 font  alternativement dans  le sens vertical. Il  y a fort peu  de mouvements  
 latéraux;  cependant  ils ont  lieu,  et,  combinés  avec  les  
 deux  précédents,  ils  font  exécuter  aux  extrémités  du  corps  des  
 mouvements de  circonduction plus ou moins  étendus (2). 
 Les  lombrics  sont  constamment  restés  au  fond  des vases  dans  
 lesquels je  les  avais mis,  et ne se sont jamais  élevés  dans  le liquide  
 pour venir à sa  surface. 
 Les  trois  tubercules  de  la  tête  s’écartent  et  se  rapprochent  
 alternativement  d’une  manière  assez  lente  pour  produire  l’ouverture  
 ou  l’occlusiùn  de  la bouche.  Je  n’ai  jamais vu  le  lombric  
 se  servir  de  sa  bouche,  comme d’une  ventouse,  pour prendre  un  
 point  d’appui,  ainsi  qu’on  l’a  avancé,  et  comme  cela  s’observe  
 dans  les  sangsues  en  particulier.  J’ai essayé  nombre  de  fois,  et  
 toujours  sans succès,  de  déterminer ce mode  de  succion,  en pré- 
 (1)  On  conçoit  très  bien  comment  ces  mouvements d’alongement  et de  raccourcissement, 
   d’extension  et  de  flexion,  s’exécutent  d’une manière  isolée,  dans  
 les  diverses  régions,  en  considérant,  ainsique je  l’ai  indiqué,  les  fibres musculaires  
 comme  formant  autant  de  muscles  ou  des  faisceaux  distincts  les  uns  
 des  autres,  -  , 
 (2)  Les  lignes  latérales  et  les médianes  de  l’abdomen  et  du  dos  n’éprouvent  
 aucun  changement  sensible  dans  leur  forme  pe.ndant  ces  divers  mouvements.  
 Dans  les  lombrics  de  terre,  si  différents  d’ailleurs des ascarides  lombricoïdes par  
 leur organisation,  par l’éteudue  de  leurs mouvements,  e tc .,  on  voit  les  vaisseaux  
 longitudinaux  se  remplir et  se vider successivement  pendant  la contraction  
 ou  le  relâchement des  diverses  parties  du  corps.