Les ascarides lombricoïdes sont bien plus fréquents chez les enfants
que chez les adultes, et surtout que chez lçs vieillards, où ils
sont rares (i). Us se développent spécialement chez les personnes
douees dun temperament lymphatique; chez celles qui se nourrissent
d aliments grossiers et indigestes, ou qui habitent des lieux
bas et humides. Ils déterminent des accidents très variés et plus ou
moins graves , quelquefois même la mort.
On les trouve ordinairement dans les intestins grêles, cependant
ils peuvent se rencontrer dans d’autres organes (2). *1
dans les intestins grêles d’un taureau, et qui est déposé sous le n” iS5.de.la
belle collection d’helminthes que le muséum de Vienne envoya à celui de
Paris ( 1816). Je n’ai trouvé aucune différence entre l’ascaride lombrieoïde du
boeuf et ceux du cochon et de l’homme : quant à celui du cheval, il présente des
caractères assez différents pour former une espèce distincte, comme je l’établirai
à la fin de ce mémoire.
(1) Je me suis assuré de la vérité de ce fait, en comparant le nombre des
lombrics que j’ai obtenus des ouvertures de cadavres d’individus de différents
âges. J ai retiré à peine quelques uns de ces vers sur beaucoup de corps ouverts
à l’hospice de la Salpêtrière, où l’on ne reçoit que des personnes âgées: l ’hôpital
des enfants, au contraire, m’en a fourni en abondance; j’en ai recueilli quarante-
deux sur un seul sujet.
(a) Les lombrics ne descendent que rarement dans les gros intestins, et M. Ru-
dolphi pense qu’ils sont toujours chassés au dehors quand ils viennent à passer
dans le cæcum. (Oun. cit., t. I , p. 434. ) Quelquefois ils remontent dans l’estomac
et jusque dans le pharynx, où ils produisent une titillation incommode, accompagnée
d’une petite toux qui facilite leur sortie par la bouche. Ils peuvent,
dit-on, s introduire dans le larynx et les voies aériennes, et déterminer des
accidents plus ou moins graves. Il n’est pas très rare de les voir pénétrer dans les
fosses nasales et ressortir par les narines; j’ai observé,un fait de cette nature sur
un enfant. Martin Slabber a vu un homme rendre un lombric par les narines
en éternuant. (Haarlem., Vérhancl. , t. X , sect. 11, p. 465-470. )
.le s lombrics peuvent passer dans les conduits biliaires et dans la vésicule du •
fiel. M. Laënnec a trouvé dans le cadavre d’un enfant, dont l’estomac renfer-
Le nombre des lombrics, chez un même individu , est extrêmement
variable ; souvent on n’en trouve qu’un ou deux, d’autres fois
ils sont très multipliés et agglomérés en pelotons (1). En général,
raait une grande quantité d’ascarides lombricoïdes, les pores biliaires distendus
et le tissu du foie rongé par des vers de la même espèce. {Bull, de laFacultéde
méd. de Paris, an XIII, n° v.) Philipp.-Fréd. Gmelin a trouvé un lombric long
de trois pouces dans le milieu du canal pancréatique. ' ( Dissert. lumb. teret. in
duct. pajicreat. Tubing., 1738, p. 4* )
On a vu des lombrics être expulsés dans des cas de hernies avec gangrène,
après l’ouverture d’abcès formés dans les parois abdominales. (Voy. les Observations
rapportées par Shellhammer, Ephem. nat. curios., dec. I I , ann. v , p. 19-
22; par L. Heister, Act. nat. curios., t. I , p. 391 ; par Fréd. Garmann, Ephem.
nat. curios. , dec. I , ann. 1 , p. 283; par Haenel, Commère, litt. , Norimb.,
1741? p. U 2; par Godot, Joum. de méd. , t. XL, p. i ^5 ; par Baldinger,
Neuem Magazin, t. VI, p. 54-57 ; etc.)
Les auteurs citent encore un grand nombre de cas dans lesquels ces mêmes
vers ont été trouvés dans la cavité du péritoine, dans les reins, la vessie, les
sinus frontaux, etc.; mais beaucoup de ces observations sont inexactes: elles
prouvent qu’on a souvent pris pour des ascarides lombricoïdes des vers appartenants
à des genres très différents, ou même des parties inorganiques, comme
des caillots de fibrine. Cependant on possède des faits dont on ne saurait mettre
en doute l’exactitude. M. Duméril m’a dit avoir vu un malade rendre par l’urètre
un ascaride lombrieoïde. On trouve une observation semblable de Stromaïer.
{Greg. Horstii opp.,l. I I , Norimb., 1660, p. 558.) On peut également consulter
le Journal de médecine, t. IX, p. 244-260, Observation de M. Moublet ; le
même ouvrage, t. XX , p. 458, Observation de M. Raisin; la Dissert, inaug. de
Christ. Ruhn., De ascarid. per urin. emiss. Jen., 1798.
En 1808, j’ai rencontré sur le cadavre d’un enfant de cinq à six ans trois
lombrics volumineux, qui s’étaient logés sur la face antérieure du sacrum ,
dans l’écartement des deux feuillets séreux du méso-rectum, et n’avaient déterminé
aucune inflammation dans cet endroit; ils étaient sortis de l’intestin par
une perforation ulcéreuse du commencement du rectum.
(1) Voy. Journal de médecine, t. XXXIV, p. 151, Observation de Daquin.
M. Cbabert dit avoir trouvé dans les intestins grêles d’un cheval un paquet de