
 
        
         
		D’après  la  structure  des  organes  que  je  viens  de  décrire  ,  
 on  peut  présumer,  ce  me  semble,  que  les fluides  nutritifs  contenus  
 dans le canal intestinal sont pris par les vaisseaux absorbants,  
 qui naissent principalement de son tiers antérieur ,  et de là portés  
 dans  les conduits nourriciers et leurs appendices ;  que, mis  en dépôt  
 dans  ces réservoirs,  à  peu-près comme  la  graisse  l’est dans  
 les  vésicules  adipeuses  des  animaux  des  classes  supérieures,  ils  
 servent  ensuite  à  la  nutrition  et  à  l’accroissement  de  l’individu.  
 Mais  quelle  est la  nature  de  ces fluides  nutritifs?  comment  circulent 
 ils  dans  des  conduits  qui  paraissent  plutôt  spongieux  que  
 .vasculaires ?  J’avoue que,  malgré  le nombre  et le  soin de mes recherches, 
  je ne puis encore résoudre ces questions. 
 Cet appareil spécial de nutrition ne  paraît  pas exclure  celui  de  
 la circulation,  comme je vais  tâcher de le démontrer. 
 §  VI. 
 ORGANES  DE  LA  CIRCULATION. 
 Les lignes  longitudinales  qui  régnent  de  chaque  côté  du  corps  
 du  lombric,  et  s’étendent  directement  depuis  une  extrémité  jusqu’à  
 l’autre,  m’ont paru,  ainsi  qu’à plusieurs naturalistes,  constituer  
 les organes de  la  circulation  (i).  (PL I,  fig. 3j  c,  c.) 
 viennent  d’une couleur  blanche-bleuâtre,  opaline,  analogue  à.celle de  quelques  
 calcédoines,  et laissent  échapper une  humeur  lactescente  fort  abondante.  Cette  
 liqueur  est  inodore,  insipide  ou  douceâtre ;  elle  ne  présente  aucune  analogie  
 avec  la  bile  que  l’on  trouve  dans les cæcum  hépatiques des insectes. 
 ( 1) En regardant les  lignes  latérales  comme  vasculaires,  j’adopte  l’opinion  de  
 tVc.rner,  qui  est  aussi (celle  de MM.  Laënnec,  de Blainville,  etc.  M.  Kudolphi, 
 Elles sont  très visibles  à  l’extérieur,  à travers  la peau  transparente, 
  dont elles ne sont séparées que par les fibres charnues annulaires  
 , également diaphanes ; très rétrécies vers leurs extrémités, elles  
 sont, vers leurs parties moyennes,  au moins quatre fois aussi larges  
 que  les  cordons  nerveux  du  dos  et  du  ventre.  Leur  couleur,  
 comme  je  l’ai  déjà indiqué,  est  très  variable  chez  les  divers individus. 
   Quelquefois  elles  sont  blanchâtres  ou  grises ,  d’autres  fois  
 d’un  rouge  assez  vif  ou  d’un  brun  obscur  (i) ;  mais  une  chose  
 digne  de  remarque ,  c’est  que ces  couleurs ne sont pas  uniformes  
 dans  toute  leur longueur;  que,  très faibles  dans un  endroit,  elles  
 ont beaucoup d’intensité dans un  autre. 
 Ces lignes sont  saillantes au  dedans  du  corps ;  elles  sont logées  
 dans des espèces  de gouttières qui  restent  entre  les bords  correspondants  
 des muscles longitudinaux, et dont le fond  est formé  par  
 les fibres  charnues annulaires. Deux parties distinctes  entrent dans  
 leur  composition,  savoir  :  i°  un  cordon  aplati,  assez  large,  
 coloré,  qui  est situé  en  dedans ;  2°  un  vaisseau  très grêle,  légèrement  
 flexueux,  blanc ou coloré en rouge, plus pâle ou plus foncé  
 que la bande  précédente,  sur la  partie  moyenne  et externe  de laquelle  
 il est appliqué  et comme incrusté.  L’adhérence  de  ces deux  
 parties  est assez intime ; cependant on peut les  isoler,  principalement  
 sur  l’ascaride  du cheval (2). (PL II, fig. 3, c,  c.) 
 ayant méconnu  leur  nature,  les  a  considérées,  'ainsi  que  les  cordons  nerveux,  
 comme  formant les-muscles  longitudinaux de l’ascaride lombricoide. 
 (1)  Cette  couleur  disparaît  assez  facilement  par lï’ séjour  des  lombrics  dans  
 l’alcool; aussi  faut-il,  autant  que possible,  examiner  les lignes  latérales  pehdant  
 la  vie  ou  peu  de temps  après  la mort de ces  vers. 
 (2)  C’est  la  réunion  de  ces  detlx  cordons  qui  fait que  les  lignes  latérales  paraissent, 
   à  l’extérieur,  formées  chacune de  trois lignes secondaires,  une moyenne  
 et deux  latérales.