
sentant la bouche de cet animal à la surface du bocal (i). Ce n’est
qu’avec beaucoup de peine qu’il chemine sous l’eau dans laquelle
il est plongé, et pour cela il appuie successivement les
différentes parties de son corps sur les parois du vase qui le renferme.
Les trois tubercules de la bouche peuvent se rapprocher fortement
par leur sommet, et s'écarter en même temps par leur
base, de manière à laisser entre eux trois ouvertures latérales,
arrondies (2)
La femelle redresse quelquefois la dernière extrémité de sa
queue ; « ce mouvement produit un léger écartement des deux
levres de l’anus. Je n’ai pas observé ce mouvement chez le
mâle. 1
(1) Aussi ne puis-je adopter, ou du moins jusqu’à présent, l’opinion de
M. Fortassin, qni pense que les ascarides Iombricoïdes se servent des tubercules
de leur tête pour se fixer sur les parois des intestins, comme la sangsue le
fait avec son disque. «M. Fortassin, ayant mis dans une fiole un ascaride lom-
»bricoîde vivant, voulut ensuite l’en retirer avec des pinces, et n’y parvint
»-qu’avec- peine ; le ver en se détachant produisit un bruit semblable à celui
»qu’aurait pu faire un bouchon.» ( Dict. des scie ne. rned., t. I I , p. 344.) Un
semblable phénomène doit être très rare, puisqu’il ne s’est pas présenté une 'seule
fois,sur plus de quatre-vingts lombrics que j ’ai conservés, vivants, à différentes
époques, et pendant tmlaps de temps plus ou ,moins long.
00 M' Brera a représenté les trois ouvertures que peuvent laissée entre.eux les
tubercules de la bouche du lombric. ( Voy. Memorie fisico-mediche di V. Luigi
Breraj pl: III, fig. 19. ) De ces ouvertures, deux sont supérieures et latérales,
une est inférieure et moyenne.
§ III.
DES.OKGANES DE LA SENSIBILITÉ.
Nous avons vu que l’ascaride lombricoïde est sensible aux divers
agents mécaniques qu’on applique à la surface de ; son corps ; si
l’on présente à sa bouche des matières irritantes, comme de l’esprit
de vin, du vinaigre, de l’alun dissous, bientôt il témoigne
par des mouvements brusques, et pour ainsi dire convulsifs, qu’il
reçoit l’impression de ces agents. D’après ces faits, ne pourrait-on
pas soupçonner chez lui le sens du goût? Je crois qu’on peut raisonnablement
le supposer, sans avoir néanmoins d’autres preuves
à alléguer en faveur de l’existence de ce sens.
Ce ver m’a paru insensible aux odeurs, à la lumière solaire la
plus vive et aux bruits les plus forts. Au resté on ne retrouve
chez lui aucun organe qui puisse faire admettre l’existence de ces
sensations ; mai’à l’air exerce sur lui une action dont nous parlerons
bientôt.
Le lombric est-il pourvu de nerfs, et, s’ils existent, quelle.est
leur disposition? Je crois pouvoir résoudre cette question par
l’affirmative , d’après les observations que je vais faire connaître.
Les lignes médianes de l’abdomen et du dos commencent,
comme je l’ai dit, par une extrémité fort rétrécie, l ’une entre les
deux tubercules inférieurs de la bouche, l’autre à la base du
tubercule supérieur. (Pl. I, fig. 1, e , e ; pl. III, fig. 1, C ; fig. 4» D.)
Chez quelques individus, j’ai constaté qu’elles formaient autour de
la bouche un véritable cercle anastomotique , que j’ai cherché
en vain sur beaucoup d’autres. Ce cercle se confond en partie
avec un autre cercle constitué, par la réunion des lignes latérales
entre elles, dans ce même endroit.