D’après ce que je viens de dire, on voit que les oeufs éprouvent
des changements successifs dans leur accroissement; que, réunis
d’abord sous forme d’un tissu grenu dans les ramifications les plus
fines des ovaires , ils deviennent successivement, à mesure qu’ils
se rapprochent de la matrice, linéaires, triangulaires très alongés,
triangulaires à angles égaux et obtus, ellipsoïdes, et enfin ronds.
Quel est leur mode de n utrition ? quelles sont leurs connexions avec
les conduits qui les renferment? Adhérents d’abord aux ovaires,
dont ils reçoivent leur nutrition, se détachent-ils ensuite pour
s’accroître par l’absorption du fluide dans lequel ils sont plongés?
Cette opinion paraît probable. Cependant, ne voulant pas aller
au-delà des faits fournis par l’observation, je ne chercherai pas à
résoudre ces questions , sur lesquelles mes recherches ne m’ont
rien offert de positif.
La conformation des organes reproducteurs de l’ascaride lom-
bricoïde semble indiquer qu’il y a accouplement et fécondation
des oeufs dans le corps de la femelle par la liqueur séminale du
mâle (i). Je n’ai jamais pu surprendre les lombrics pendant l’accouplement,
et cependant j’ai examiné, immédiatement après leur
à leur surface. Je puis assurer que toutes les foisque-je les ai examinés frais pu
bien conservés, je les ai toujours vus parfaitement glabres. En cela mes observations
s’accordent avec céllës de Goëze.
(i) Chez les femelles les plus petites que j’aie pu trouver, et qui n’ont que
2 pouces de long, les oeufs sont presque entièrement transparents; on y observe
seulement quelques petites tachés blanchâtres, mais pas d’embryon opaque: probablement
que ces oeufs n’onf point été fécondés. M. Rudolphi pense que le
même coït féconde à la fois tous les oeufs contenus dans les ovaires, parcequïl
a vu , dit-il, que les oeufs avaient le même volume et la même apparence dans
l ’utérus et dans les dernières ramifications des ovaires. (Entez,., t. I , p. 3o8. )
Mes observations sont loin de s’accorder sur ce point, comme on a pu le voir,
avec celles (le ce naturaliste.
MK
mort, et à différentes époques de l’année, plusieurs centaines de
cochons dont les intestins en contenaient en plus ou moins grande
quantité. Je ne sache pas qu’on ait eu occasion de les observer
pendant cet acte (i).
Le cercle déprimé qu’on trouve chez la femelle au niveau de la
vulve, n’est-il que l’empreinte, que le résultat de la constriction
produite par fa queue du mâle pendant la copulation, comme on
l’a prétendu , et comme cela paraît assez vraisemblable au premier
abord? Pour m’en assurer, je pratiquai, avec un cordon de fil
étroit, des ligatures assez serrées sur quatre lombrics vivants, et
je ne les enlevai qu’au bout de vingt-quatre heures. La constriction
momentanée qu’elles avaient produite ne paraissait plus un quart
d’heure après. Je pense que ce rétrécissement dépend du développement
naturel de la femelle, des lois primitives de l’organisation,
et ne se prononce qu’à un certain âge, peut-être à celui
où elle devient propre à la reproduction. On ne le retrouve pas
c hez les très jeunes femelles, et il est en général d’autant plus marqué
qu’elles sont plus grosses. '
L ’ascaride lombricoïde est ovipare. Je n’ai jamais vu d’oeufs éclos
dans l’intérieur de l’utérus.
On ne trouve pas d’autre issue aux oeufs que la vulve ; cependant
, en pressant l’abdomen- sur un grand nombre de femelles
(i) Goëze prétend avoir vu souvent la queue tout entière de l’ascaris brevi-
cauclata mâle introduite dans la vulve de la femelle. (iVaturg., p. .jo 'j,
t. XXXV, fig., y, 8.) Soëmmerring m’a fait voir, dans la .superbe collection
de vers intestinaux qu’il possède, deux semblables1 vers intestinaux
accouplés et conservés dans l’alcool. M. Rudolphi., cependant, regarde la queue
du mâle adulte comme beaueoup trop grosse pour que cette introduction soit
possible , et il ajoute : lies itaque dubiis non caret, et si alius quant Goèzius
observasset, oviductus partent prolapsam pro verme masculo vulvce immisso
habitant fuisse dicerem. ( Entoz., t. I , p. 3oy. )