Examinés au microscope, les oeufs offrent des différences assez
notables dans les diverses parties des organes reproducteurs.
i° Pris dans le bas de la matrice, près du vagin, ils sont ovoïdes
ou ellipsoïdes très courts, libres et plongés dans une humeur transparente,
glutineuse, qui ressemble à celle du frai de grenouille.
Ils sont formés d’une coque transparente, parfaitement lisse en
dehors , et remplie d’un liquide également diaphanè, au milieu
duquel nage un germe irrégulier, opaque , blanchâtre , plus ou
moins volumineux, dont la forme au reste présente de nombreuses
variétés (i). (PI. IV, fig. io.)
2° Si on examine les oeufs contenus dans les deux cornes de
la matrice, près de leur jonction avec les ovaires, on les trouve à
peu près de la même grosseur que les précédents , et libres aussi ;
mais ils sont plus alongés, et quelquefois d’une forme conoïdfe
ou irrégulièrement triangulaire. (PI. IV, fig. 7.)
3° Les oeufs renfermés dans le commencement des ovaires
sont blanchâtres , très mous , flexibles, manifestement triangulaires.
4° Dans la partie moyenne des ovaires, le triangle qu’ils représentent
est bien plus alongé ; un de leurs angles forme une pointe
fort longue qui supporte assez-souvent une petite éminence sphérique.
Leur tissu est homogène, blanchâtre. Ils n’offrent de trans
parence parfaite dans aucun point de leur étendue. La base de
ces oeufs est large et placée sur la paroi correspondante de l’ovaire.
11 résulte de ce mode de situation que tous les sommets des oeufs, dirigés
vers le centre du canal, laissent entre eux un espace dans le -
quel on peut faire parvenir le mercure sans les déranger, tandis 1
(1) Embryons linéaires , droits ou courbés, courts et comme globuleux, irré-
guliers et' frangés, etc., telles sont les principales variétés de forme que ’ai
observées.
que le même métal, poussé dans la matrice, déplace et chasse devant
lui les oeufs qu’elle renferme, et qui n’ont pas de place déterminée
dans son intérieur, comme cela s’observe dans les ovaires. (PL IV,
fig. 6.)
5° La matière blanche contenue dans des ramifications encore
plus fines des ovaire^ est formée de corpuscules arrondis, linéaires
, pointus par une de leurs extrémités, plus épais par l’autre ,
et qui ne sont que ces mêmes oeufs dans un état de moindre développement.
(PL IV,fig. 4.)
6° Enfin, dans les dernières ramifications des ovaires, j’ai trouvé
une matière blanche, grenue, dont les molécules, assez irrégulières,
n’offraient pas de forme constante et déterminée comme dans les
cas précédents (1). (PL IV, fig. 3.)
Telles sont les principales différences de forme, de volume et
de structure que présentent le plus communément les oeufs de
l’ascaride lombricoïde dans les diverses parties des organes génitaux.
J’ai rencontré, dans plusieurs lombrics femelles, des oeufs dont
la forme offrait des variétés qui tenaient probablement à quelque
altération dont j’ignore la nature.
Exposés à l’action de l’air, les oeufs se déforment, et deviennent
entièrement transparents; par l’action de l’alcool, du sublimé corrosif,
ils se déforment aussi, et quelquefois se plissent, se
couvrent de rugosités à leur surface (2). (PL IV,' fig. 5.) 1 2
(1) Chez les lombrics qui ont séjourné dans une dissolution de sublimé corrosif
ou dans de l’esprit de vin, les oeufs paraissent adhérer assez fortement aux
ovaires ; sur les lombrics frais, au contraire, ils se détachent avec beaucoup de
facilité.
(2) C’est probablement la matière glutineuse qui entoure les oeufs et leur
adhère assez fortement, qui aura fait croire à VVerner, Yallisnieri, à
MM. Rudolphi, Bréra, etc., que les oeufs de l’ascaride lombricoïde étaient velus