
I ANATOMIE
(PI. III, fig. 3 , c, D.) "C’est elle aussi qui constitue; au-delà
de l’anus, une gaine conique qui renferme les dernières fibres
longitudinales de la queue.
Elle est percée , chez le-mâle, par la bouche et l’anus, et de
plus, chez la femelle , par l’ouverture de la vulve.
Cette membrane est plus extensible suivant sa longueur que
suivant sa largeur. Elle se déchire plus facilement en travers que
dans les autres sens; sa rupture est inégale, assez semblable à
celle de l’épiderme humain, ou plutôt à celle des lames de la cornée
transparente. Yue au microscope, elle paraît diaphane comme
une lamelle de corne, dépourvue de pores et munie de cannelures
ou lignes transversales, parallèles, très fines, parfaitement égales
entre elles, et en telle quantité que chacune des rides transversales
en renferme vingt-cinq à trente. Elles ne s’effacent pas, comme
ces dernières, lorsqu’on tire la peau en sens opposés, parcequ’elles
dépendent de la texture même de l’enveloppe cornée du corps,
et non de la contraction des fibres musculaires qui lui adhèrent.
II est impossible de les voir à l’oeil nu. (PL III, fig. 7, d.)
La peau, en se desséchant, se racornit fort peu ; elle ne se
détruit que difficilement par la macération, tandis que lés fibres
musculaires, qu’elle recouvre, tombent promptement en putrilage.
Les solutions de sublimé corrosif et d’alun, l’alcool, ne lui font
rien perdre de sa transparence (1).
La peau de l’ascaride lombricoïde ne paraît pas douée de sensibilité
: j’ai appliqué dessus, avec l’extrémité d’un pinceau, des
dissolutions de potasse caustique, de nitrate d’argent, de su-
( i) -Ces caractères suffisent pour fltire distinguer la peau des fibres musculaires
qu’on trouve au-dessous; aussi ne puis-je adopter l’opinion de M. Kudolphi,
qui regarde cette membrane comme formée par les fibres musculaires 'extérieures
elles-mêmes, condensées et polies. (Entoz., t. I ,p . a 18.)
DE L’ASCARIDE LOMBRICOÏDE. i 5^
blimé corrosif, des acides affaiblis, et l’animal ne m’a semblé
en éprouver aucun effet, tandis que, par ses mouvements,
il témoigne qu’il est ^ensible aux pressions, aux piqûres et autres
lésions mécaniques, qui portent leur influence sur les parties situées
plus profondément.
§ II.
DES ORGANES DU MOUVEMENT.
L’ascaride lombricoïde se meut avec assez de vivacité, et ses
mouvements, qui sont très variés, dépendent, comme dans les
autres animaux, de la contraction de fibres charnues.
Ces fibres sont molles, demi-transparentes, comme gélatineuses
(1), et d’une couleur grise ou blanchâtre. Les faisceaux qu’elles
forment sont peu distincts au premier aspect, et ne paraissent
pas réunis entre eux par du tissu cellulaire, mais seulement par
des filaments de même nature. Examiné sous le microscope .,
chaque fascicule charnu paraît formé de fibres secondaires, flexueu-
ses, parallèles les unes aux autres, demi-transparentes, à cassure
inégale aux extrémités , et ayant quelque ressemblance avec les
fibres d’un morceau de sapin coupé longitudinalement (2).
Ces fibres sont extrêmement contractiles; à mesure que le
liquide tiède dans lequel on a mis un lombric vivant, se re- 1
(1) On ne peut étudier facilement leur disposition qu’après leur avoir fait
perdre leur transparence par divers procédés, et~surtout en les faisant tremper
dans une solution de sublimé corrosif.
(2) Je donne ces caractères minutieux, parcequ’ils me serviront èdémontrer
que certains organes du lombric, que l’on a regardés comme musculaires,: 11e lé
sont réellement pas.