
physique, littéraire et politique d’une des contrées les plus remarquables
du globe.
L ’Égypte a joui, pendant une longue suite de siècles, d’un
gouvernement éclairé et puissant : les lois, les coutumes publiques,
les habitudes" domestiques, concouraient à un même but; elles
étoient fondées sur la connoissance des moeurs de l’homme, et sur
les principes éternels d’ordre et de justice, qui sont graves dans
toùs les coeurs.
L a religion, unie à l’étude des phénomènes naturels, étoit en
même tempslntellectuelle^et physique ; révélant à quelques esprits
sages les principes abstraits de la morale, elle les offrait à tous sous
dés formes sensibles: elle rêgloi't les actions et les pensées, contenoit
sévèrement les peuples, et prêtoit aux institutions civiles l’appui
d’une autorité immuable.
L e gouvernement étoit monarchique, et fonde sur des lois
anciennes et révérées; on avoit converti en usages irrévocables les
exemples donnés par les princes les plus sages.
Les Égyptiens honoraient sur-tout (a reconnoissance, comme la
source des vertus publiques et privées, et comme le plus juste et le
plus utile de tous les penchans naturels ; ils s’efforçoient de perpétuer
le souvenir des ancêtres par des monumens magnifiques et
impérissables ; l’esprit de famille étoit porté au plus haut degre, et
rendoit, pour ainsi dire, toutes les générations contemporaines.
On prévenoit l’oisiveté par des cérémonies et des fêtes, et par
d’immenses travaux consacrés aux ouvrages publics; 1 agriculture
étoit florissante, et des arts perfectionnés favorisoient les efforts de
l’industrie.
Une population nombreuse observoit religieusement des préceptes
d’hygiène publique , qu’une longue expérience avoit enseignés.
Le génie des beaux-arts âvoit pris un grand essor : mais il étoit
asservi à des règles invariables; l’architecture avoit un caractère
grave et sublime; la poésie, l’histoire, la musique, la sculpture,
l’astronomie, imprimoient la crainte des dieux, inspiraient la piété
et l’admiration. On conservoit dans les temples les statues des rois
et des grands, les annales publiques, les observations du ciel ; on
gravoit sur ces édifices le spectacle successif des révolutions des
astres. Ces sculptures subsistent encore aujourd’hui, et serviront à
fixer, dans l’histoire de TËgypte, des époques ignorées jusqu’ici.
Dans ce même temps, l’Asie étoit habitée par des nations puis<
santés dont l’ancienne gloire est oubliée. La raison humaine s’étoit
élevée jusqu’au dogme de l’unité de Dieu et aux principes d’une
morale sublime. Des prêtres, formés à l’école des Égyptiens, obser-
voient le ciel de la Chaldée ; les vérités fondamentales de la géométrie
et de l’astronomie étoient découvertes; on avoit entrevu le
véritable système de l’univers; on traçoit des cartes géographiques;
on avoit entrepris de mesurer 1 étendue du globe. Des villes opulentes
étoient embellies par le génie des arts physiques , qui s’exer-
çoit sur les métaux, les couleurs et toutes les substances naturelles.
Il existoit des relations entre les divers peuples de l’Orient-, et
sur-tout entre ceux de l’Inde, de la Perse et de I Égypte. Ces