n’attendoient que le signai pour se rassembler ; enfin le parti de
Mourad, maître du Saïd, étoit secrètement uni avec les Anglais.
Les combats précédens avoient affoibli l’armée Française, dont
un tiers ne pouvoit plus être employé dans une guerre de campagne.
Ces généreux soldats, qu’une valeur plus impétueuse avoit
exposés aux premiers périls, étoient couverts de blessures graves
et multipliées, qui les excluoient de tout service actif. Nos troupes
occupoient un vaste pays, dont chaque point sembloit exiger leur
presence : elles gardoient fa frontière de Syrie menacée par le vizir,
les villes du Kaire, de Gyzeh, de Boulâq, ie port de Suez, et une
partie de la haute Egypte ; elles étoient employées dans l’intérieur
des provinces, pour protéger la rentrée des contributions, assurer
la navigation du fleuve, repousser les Mamlouks, et contenir les
tribus Arabes. La convention que plusieurs motifs avoient porté à
conclure avec Mourad, n’inspiroit aucune confiance. Son alliance
avec les Français avoit augmenté son influence et ses ressources :
mais il nen pouvoit user avec beaucoup d avantage qu’en se déclarant
contre eux. On devoit redouter extrêmement sa trahison, et
n’espérer qu’un foible secours de sa fidélité. Telle étoit la situation
des Français en Egypte, lorsque les vaisseaux ennemis se montrèrent
devant Alexandrie.
Larmee Anglaise parvint à effectuer sa descente sur la plage
d Aboukir ; elle s avança ensuite dans la presqu île, et prit une
position très-favorable, entre la mer et l’extrémité du lac Madyeh.
Attaquée par une partie des troupes Françaises, elle se défendit
avec succès sur un terrain étroit, fortifié par une ligne de redoutes,,
et garanti par des chaloupes canonnières du côté de la mer et sur
le lac. Le général qui commandoit l’expédition Anglaise, fut blessé
dans cette action ; il mourut, peu de jours après, des suites de sa
blessure, et laisse une mémoire justement honorée. Les alliés, ayant
reçu un renfort considérable, se déterminèrent à occuper Rosette,
et.ccüTunencèrerU-ensuitie-à s’avancer sur l’une et l’autre rive du N il,
pendant que leur flottille-remontoir ce fleuve. Le fort de Rahmâ-
nyeh capitula; les Ottomans prirent possession de Damiette, et
la capitale ne tarda point à être investie.
Le vizir avoit alors réuni son armée à celle des Anglais et du
capitan pâchâ; il recevoit chaque jour de nouvelles forces de l’intérieur,
de 1 Egypte et de la Syrie : ses intelligences avec les Arabes,,
les Mamlouks, les anciennes milices, et les habitans des campagnes,
étoient favorisées par les premiers succès de l’armée d’expédition,
et éclatoient de toutes parts. Les troupes de l’Inde étoient arrivées;
les-villes du Kaire et d’Alexandrie étoient en proie à des épidémies
funestes ; les Mamlouks d’Ibrahim, ceux de Mourad, et la
cavalerie très-nombreuse des tribus Arabes, étoient réunis aux Ottomans.
Telles étoient la position et-les forces des alliés, lorsqu’on
renouvela, pour la reddition du Kaire et ensuite pour celle d’Alexandrie,
des capitulations peu différentes du traité d’el-Arych. Il n’y
eut aucune action dans laquelle nos troupes ne se trouvassent en
nombre très-inférieur; car l’incertitude ou l’on étoit sur les des-
seins de l’ennemi, avoit déterminé le Général en chef à répartir