l’origine de tous les arts. Les personnes qui ont concouru à le
former, n’ont pu rien ajouter à la grandeur du sujet. Leur travail
exigeoit principalement un examen assidu; et les droits qu’il
peut avoir à l’attention publique, résultent de la nature même de
son objet, ou des circonstances qui ont permis d’en rassembler les
élémens. Envisagée sous ce point de vue, cette collection est un
monument remarquable de l'histoire et des arts; celui dont la protection
auguste en a favorisé les progrès, ou plutôt qui en est le
premier et le véritable auteur, lui prêtera l’immortalité de son nom.
Ce grand ouvrage intéressé la gloire de notre patrie ; on le doit aux
efforts de ses-guerriers ; il tire son- origine de l’union des-sciences et
des armes : il est le témoignage et le fruit de leur alliance. Il rappellera
le séjour des Français dans une des contrées les plus célèbres de
1 univers, et tout ce qu’ils ont fait pour honorer leurs victoires par
la justice et la clémence, réduisant le droit de conquête à l’exercice
dune autorité tutélaire; il peut inspirer à la cour Ottomane le dessein
de rétablir son autorité en Egypte, et d’y fonder un gouvernement
plus régulier; il ramènera souvent sur ce pays les.pensées et
les voeux des amis des beaux-arts, et de tous ceux qui portent un
intérêt sincère à l’avancement des connoissances utiles.
On trouvera dans la même capitale, avec les chefs-d’oeuvre qui
ont illustré la Grèce et 1 Italie, le tableau fidèle des monumens
Egyptiens, et l’on aura sous les-yeux tout ce que le génie des arts
a produit de plus grand et de plus parfait. En comparant ces
modèlesÿton se souviendra qu’ils sont tous le prix de la victoire;
que la France a reçu ces ornemens immortels de la main d’un
Héros qui compose ses trophées des plus sublimes ouvrages de
l’antiquité, et qui attache ainsi la mémoire de ses triomphes à
toutes les époques de la gloire des beaux-arts.
L ’étude des monumens de l’Egypte ne peut qu’inspirer des pensées
justes et élevées , détourner de la recherche des ornemens
fugitifs, et ramener à l’unité et à la simplicité des vues. Elle fera
bien connoître que les objets solides et durables ont une majesté
qui leur est propre, et que, si l’élégance ingénieuse des formes
contribue à la perfection, l’idée du vrai beau renferme nécessairement
celles de la stabilité et de la grandeur. Elle montrera ce principe
dans tout son jour, et doit par-là exercer une influence Utile
sur le goût et les travaux du siècle.
L ’Egypte, qui aspiroit à rendre ses établissemens immortels, et qui
porte l’empreinte ineffaçable de tous (es arts, opposera long-temps
la gravité sévère et même excessive des plus anciens modèles à la
mobilité et à l’inconstance naturelles de l’esprit humain. En effet, le
peuple le plus jaloux de produire des ouvrages durables habitoit
le pays de la terre le plus propre à les conserver. Ces monumens
ont été construits plusieurs siècles avant que les villes de la Grèce
fussent fondées. Ils ont vu naître et s’évanouir la grandeur de Tyr,
de Carthage et d’Athènes, Ils portoient déjà le nom d’antiquités
Égyptiennes au temps de Platon; et nos successeurs les admireront
encore à l’époque où, dans tous les autres lieux du globe, il ne restera
plus de vestiges des édifices qui subsistent aujourd’hui.