ne pouvoit se défendre contre les plus foibles ennemis. Ge meme
livre sacré, qui àvoit été la première cause de leur union et de
leurs succès, arrêta par la suite 1 essor de leur genie. Si les Arabes
avoient eu, comme les peuples de 1 Occident, 1 inestimable avantage
de recevoir une religion favorable o ° aux arts et aux connois-
sances utiles, ils auraient cultivé et perfectionné toutes les branches
de la philosophie. Ce peuple sè montra d’abord ingénieux et poli;
il 'fit des progrès remarquables dans la poésie, l’architecture, la
médecine, la géométrie, la physique et l’astronomie; il conserva et
nous transmit un grand nombre de ces ouvrages immortels, qui
dévoient rappeler les lumières en Europe, Mais la religion Musulmane
ne souffrait point ce développement de l’esprit ; il falloit
que les Arabes renonçassent à leur culte, ou qu’ils retournassent à
l’ignorance de leurs ancêtres. Ils méconnurent sur tout l’art de gouverner,
et tout ce qui sert à fonder et à perpétuer les empires. Les
barbares qui s’unirent à eux et usurpèrent leur autorité, ne purent
embrasser l’islamisme, sans mépriser aussi les arts, les sciences, I industrie
et toutes les inventions de l’Occident.
L ’Égypte Chrétienne, et long temps agitée par des dissensions
religieuses, s’étoit offerte d’elle-même au joug des premiers califes;
elle partagea le sort des États Musulmans. Les Cophtes, qui avoient
appelé le vainqueur, furent délivrés des Grecs ; ils tombèrent
ensuite dans l’avilissement et se réduisirent à un petit nombre. C est
au commencement de cette révolution, que le zèle des Mahome-
tans détruisit le peu de richesses littéraires qui restoient encore à
Alexandrie. Les livres que les Ptolémées avoient rassemblés dans
cette ville, et ceux des rois de Pergame, avoient péri, en grande
partie, pendant les expéditions de Gesar et de ses successeurs.
Les violences de toute espèce, qui setoient renouvelées dans le
couis de six siècles, au milieu des guerres continuelles ou des
troubles amenés par les controverses théologiques, avoient anéanti
ces vastes dépôts des connoissances et des erreurs de l’antiquité.
U Égypte ressentit 1 effet des causes qui divisèrent, dès son origine,
1 empire des Arabes, et ne tarda point à devenir un État indépendant.
Les califes appelés Fathmites établirent leur résidence
dans la ville du Kaire, qu’ils avoient bâtie et ornée de quelques
édifices publics: leur autorité fut abolie par le célèbre Saladin,
dont les exploits alarmèrent l’Europe, et qui régna long temps en
Égypte et en Syrie. Cette révolution occasionna des séditions et
des vengeances, et fut suivie de changemens considérables dans les
usages religieux et le gouvernement. L ’établissement des sultans
Mamlouks mit fin à cette dynastie. Les califes et les princes qui
leur succédèrent, confioient depuis long temps la défense de leurs
Etats et la garde de leur personne à des soldats étrangers oritri-
naires de I occident de lAsie. Les chefs de ces milices, impru
demment eieves aux premiers emplois, usurpèrent, sous differens
noms, 1 autorité de leurs maîtres, et se rendirent indépendans. Les
événemens de ce genre sont un des traits distinctifs de fbistoire
des peuples Asiatiques. La rébellion qui fit périr le dernier successeur
de Saladin, fut plus connue en Europe, parce qu’eiïe eut pour