
marches, et il semhloit qu’il n’y eût aucun point du théâtre de la
guerre où ils ne fussent tous rassemblés. L ’issue victorieuse de ces
combats anéantit îes dernières espérances des Ottomans, et remplit
de terreur les peupfes qu’ils s’étoient alliés. Les débris de cette
armée repassèrent confusément le Jourdain, et portèrent 1 épouvante
jusque dans les provinces les plus reculées.
Dans le même temps qu’une partie de nos troupes combattoit
glorieusement dans la Palestine, celles qui étoient restées en Egypte,
occupoient toute l’étendue de ce pays, depuis Syène jusqu’à la mer.
Lés Anglais firent une tentative inutile contre Suez ; on repoussa
les Arabes de la Mecque ; on acheva la conquête du Saïd; on reprima
des mouvemens séditieux qui avoient éclaté dans les pro-
vincesseptentrionales; une prévoyance ingénieuse et active veilloit
à la défense d’Alexandrie et des côtes.
Cependant le pâchâ d’Acre setoit retranché dans son dernier
asile ¡-secondé du côté de la mer contre les Français, qui man-
quoient de munitions et d’artillerie de siège, il parvint à prolonger
sa défense au-delà du terme où notre armée pouvoit rester dans
la Syrie. Le véritable objet de cette guerre étoit rempli ; on avoit
déconcerté les projets-de l’ennemi, saisi ses magasins et ses équipages
de campagne, détruit les fortifications des places, anéanti
une armée nombreuse qui se préparoit à l’invasion de l’Egypte ;
les troupes de débarquement,-destinées à l’attaque d’Alexandrie,
avoient été détournées de leur but, et employées à soutenir un
siège meurtrier. La prise d’Acre auroit assuré la punition d un
Mamlouk sanguinaire, qui, par sa vie entière, méritoit le dernier
supplice, et dont 1 alliance n’a dû inspirer que de l’horreur : mais
ce siège exigeoit plus de temps; et le succès n’auroit offert que
des avantages médiocres, qui ne compensoient point les dangers
d un plus long séjour. Des maladies contagieuses répandoient alors
un effroi universel , et faisoient dans toute la Syrie des progrès rapides
et de plus en plus funestes. Enfin la saison étoit arrivée où
l’Egypte elle-même devoit être attaquée du côté de la mer. A la
vérité, cette expédition ne pouvoit plus être soutenue par le-concours
de l’armée Ottomane de Syrie, qui venoit d’être dissipée;
mais il restoit à l’ennemi des forces considérables.
Ces circonstances nécessitoient le retour de nos troupes : le
Général en chef les prévint que la défense des côtes de ¡ Egypte
alloit bientôt exiger d’elles de nouveaux efforts. Elles traversèrent
une seconde fois le désert qui sépare l’Egypte de la Syrie : mais,
avant de s’éloigner de cette dernière province, on punit rigoureusement
la défection des tribus qui avoient trahi leurs engagemens
envers les Français ; on détruisit les munitions de guerre, et toutes
les ressources qui auroient pu favoriser par la suite une expédition
ennemie.
La capitale de l’Egypte reçut bientôt cette armée qui avoit
affronté tant de périls et donné l’exemple de toutes lès vertus. Les
grands de cette ville se rendirent à sa rencontre : ils étoient suivis
d’une multitude immense, qui célébroit le retour de nos troupes
par des acclamations et des jeux. Les Français jouissoient enfin