
commerce, et sur la géographie ancienne. Elles s’empressèrent de
réunir à la collection commune tous les résultats qu elles avoient
déjà obtenus.
Les différentes parties de ce grand travail étoient executees a-Ia-
fois; chacun se livroit particulièrement à l’objet habituel de ses
études, et communiquoit à tous les autres ses réflexions et ses vues.
Cet heureux concours, dont il n’y a aucun autre exemple dans
Ihistoire des voyages littéraires, facilitoit toutes les découvertes,
et fes rend, pour ainsi dire, authentiques. L ’intérêt des beaux-arts
concilioit aisément les esprits, en laissant subsister la diversité des
opinions; I’esnrrïe mutuelle étoit un gage encore plus sur de la concorde
et de l’unité des vues. Plusieurs des voyageurs étoient d’ailleurs
unis par une ancienne amitié, sentiment plein de charmes, qui
embellit encore l’étude des arts, rend les peines plus légères et les
plaisirs plus doux, et prend une force nouvelle dans les dangers
communs et l’éloignement de la patrie.
Aucune contrée n’a été soumise à des recherches aussi étendues
et aussi variées, et aucune ne méritoit davantage d’en être l’objet.
L a connoissance de l’Egypte intéresse, en effet, toutes les nations
policées, soit parce que ce pays fut le berceau des arts et des institutions
civiles, soit parce qu’il peut devenir encore le centre des relations
politiques et du commerce des empires. Le peuple qui l’habitoit
y a laissé des vestiges admirables de sa grandeur et de sa puissance,
et jamais l’art n’a fait un aussi grand effort pour s’élever jusqu’au
caractère immuable des ouvrages de la nature.
Cependant les allies avoient tenté infructueusement de s’emparer
du port de Cosseir; peu de temps après, la foible garnison de
Damiette, suppléant au petit nombre par l’audace et par la rapidité
des mouvemens, détruisit un corps de quatre mille janissaires, qui
venoit de débarquer et commençoit à s’établir sur la côte. Mais les
Français chargés de la défense de I’Égypte ignoroient les évé-
nemens politiques qui avoient rendu la sécurité à leur patrie, et
détruit pour jamais 1 espoir ambitieux des puissances ennemies;
ils ne connoissoient que ses malheurs : elle étoit l ’objet de leur
inquiétude et de leurs regrets. On-renouvela d’abord les négociations
qui avaient eu pour but de se concilier avec la Porte Ottomane;
elles prirent ensuite une direction différente et inopinée:
c’est alors que fut préparée et rapidement. conclue la convention
militaire del-Arych. II fut stipulé que les troupes Françaises, consentant
à remettre lEgypte au pouvoir de la Porte, se rendroient
dans leurs ports sur les vaisseaux des puissances alliées.
On commença bientôt à remplir les engagemens réciproques:
les troupes nombreuses et indisciplinées du vizir et des beys pénétrèrent
librement en Egypte, et s’avancèrent jusqu’aux portes de la
capitale. Tout annonçoit que ce beau pays alloit passer de nouveau
sous le joug de ses anciens maîtres : mais deux causes différentes
concoururent à changer subitement la disposition des esprits. La
première fut 1 annonce de l’heureuse révolution qui s’étoit opérée
dans le gouvernement civil de la France : l’armée d Orient conçut
une joie inexprimable, en apprenant que les destinées et les forces
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