
son fils, qui, par ses armes et sa politique, a tant contribué à l’ac-
crbissement de fa puissance Ottomane, consacra plusieurs années
au gouvernement intérieur de ses Etats. On composa par ses ordres
le règlement particulier de l'Egypte, qui sert encore à l’administration
territoriale de ce pays. On a quelquefois attribué cet établissement
à Sélim, qui n’y eut, pour ainsi dire, aucune part. Ge
dernier avoit donné peu de temps à la guerre d'Egypte. De retour
à Constantinople, il ne s’y occupa que de ses préparatifs contre la
Perse et le midi de l’Europe. II méditoit la destruction de Bagdad,
et ne s’arrêta point à régler les prétendues constitutions et le myry
de l’Egypte. On a publié un acte qui contient ses capitulations avec
les Mamlouks : mais cette pièce est dépourvue d’authenticité. Ce
qu’il y a de remarquable dans sa conduite politique, est sa négociation
avec la Mecque, et le soin qu’il prit d’amener à Constantinople
le successeur des Ahassides.
Sélim, qui reçut le nom mérité de féroce, qui envoyoit ses
vizirs à la mort, parce qu’ils ne prévoyoient pas vers quelle partie
du monde il tourneroit ses armes, qui, dans tout le cours de son
règne, fit périr indistinctement ses amis et ses ennemis, et fut
l’assassin de son père, de ses frères et de huit de ses neveux, joi-
gnoit la superstition à la cruauté: Aucun empereur Ottoman n’a
porté aussi loin la haine des religions étrangères. U avoit entrepris
d’obliger ses sujets Chrétiens à embrasser l’islamisme : mais l’empire
des usages ramena bientôt à la tolérance des autres cultes ; maxime
fondamentale des Etats Musulmans, sans laquelle ils ne se seroient
point formés: U donna à l’Egypte, comme aux autres provinces
qu il avoit conquises, un gouverneur .et des garnisons Turques. Les
milices se montrèrent insubordonnées, exigèrent des augmentations
de solde, et massacrèrent leurs chefs. Les pâchâs entreprirent
dé se rendre indépendans. Les Mamlouks, quoique restés en petit
nombre, tiraient un grand avantage du souvenir de leur autorité,
de leurs intelligences avec les Arabes, et de l’emploi des ressources
locales. Voilà I origine de l’état anarchique qui se forma après la
conquête. II a dure jusqu à ce que 1 audace guerrière des beys eut
triomphé des janissaires, énervés par la mollesse du climat et la
garde oisive des forteresses.
Dans le temps que l’Egypte et la Syrie recevoient de nouveaux
maîtres, d’état politique et le commerce des nations suhissoient des
changemens immenses et inattendus. Aucune époque de l’histoire
n’est plus féconde en grands événemens. La puissance Ottomane
répandoit la terreur dans l’Europe et dans l’Asre. Plusieurs Etats
Chrétiens cessoient de reconnoître l’autorité du pontife de Rome.
L ’islamisme éprouvoit une révolution semblable ; et une secte
récente, favorisée parles sofis, divisoit les pays Mahométans. La
France appeloit les heaux-arts qui illustraient l’Italie. Les noms de
François I ." , de Soliman, de Charles - Quint, remplissoient le
monde entier. L ’Europe, exerçant,enfin son propre génie, perfe.c-
tionnoit ses institutions civiles, et rendoit ses monarchies puissantes
par 1 établissement fixe des armées. L ’art de 1 imprimerie,
lescconnoissances nautiques, les usages militaires, faisoient des