
renouvelées,' ou dans les périls presque certains auxquels un zèle
ardent les avoit exposés; d’autres, l’espoir des sciences, l’honneur
de leur famille, qui déjà consacroient au service de l’Etat les
fruits de leurs études, ont péri dès leur première jeunesse, sur cette
terre étrangère, victimes des séditions, des combats ou des maladies
contagieuses. Au milieu de tant d’événemens O de Og uerre,’ les
recherches littéraires ont été quelquefois arrêtées par des obstacles
vraiment insurmontables; mais on peut assurer qu’il y a peu d’omissions,
ou qu’elles ne sont point importantes. Ainsi l’ouvrage dont
On publie la première partie, donnera une connoissance précise de
l’état physique de l’Egypte, de lindustrie actuelle de ses habitans,
et desinonumens que leurs ancêtres ont élevés. Peut-être n’y a-t-il,
dans toute l’étendue des Etats policés, aucune contrée qui ait été
soumise à un examen plus détaillé et plus attentif.
Indépendamment de cette description naturelle et historique de
l’Egypte-, le séjour des Français dans ce pays auroit procuré les
avantages les plus désirables. Aujourdhui même, les rives du Nil
seroient embellies par les arts; les peuples, délivrés d’une police
absurde et inhumaine, s'adonneraient avec sécurité à l’agriculture
et jouiroient du produit de leur industrie; les inventions mécaniques
suppléeroient à la force de l’homme, et rendroient ses
travaux plus faciles et plus fructueux. Quelques tribus d’Arabes
seroient fixées dans des terrains devenus fertiles, les autres seroient
exilées dans le fond des déserts. Ce sol fécond seroit enrichi de
plantes étrangères, que l’on y auroit introduites ou multipliées, et
les Français auroient déjà établi plusieurs manufactures précièüses.
On entretiendrait des relations avec la Perse, l’Inde et l’Arabie, et
l’on auroit parcouru et décrit cette dernière région. Plusieurs voyageurs
auroient observé le cours supérieur du Nil, et examiné les
antiques édifices qui existent au-dessus de Syène et dans l’Ethiopie;
d’autres auroient pénétré avec les caravanes dans les.Oasis et
dans les pays intérieurs de l’Afrique : on auroit acquis des notions
plus certaines sur les fleuves, les montagnes, les mines de fér et
d’or, les productions naturelles, les villes, et sur tous les élémens
du commerce de ce vaste continent.
Le canal destiné à faire communiquer les deux mers seroit
achevé, et une partie du commerce de l’Orient commenceroit à
suivre une route si facile et si long-temps desirée..
Tel seroit aujourd’hui l’état de l’Egypte, si une fortune contraire
ne l’eût point rendue à ses anciens oppresseurs. On peut être assure
qu’il n’y a aucune exagération dans ce tableau; et puisque les huit
années qui se sont écoulées, auroient suffi pour procurer tant de
découvertes et d’établissemens utiles, que ne devoit-on pas attendre
de 1 influence prolongée qu’auroient eue les communications avec
la France, et des progrès continuels des lumières et de lindustrie!
Quoique les sciences aient vu s’évanouir une partie de 1 espoir
quelles avoient alors conçu, elles auront néanmoins retire des
avantages considérables de l’expédition-Française. Le recueil dont
on commence aujourdhui la publication, offre un vaste champ
aux recherches littéraires, et il fournira de nouvelles lumières sur