ces causes multipliées qui, dans les autres climats, tendent continuellement
à détruire les édifices et en effacent le plus souvent
jusqu’aux derniers vestiges; et ces mêmes ouvrages se défendent
aussi par leur propre masse contre fes efforts des hommes : on
a donc pu former aujourd’hui fe tableau de l’architecture des
Egyptiens, avec la certitude d’y avoir compris leurs plus beaux
édifices. II est manifeste que ceux qui existent encore à Thèbes,
à Apollinopolis, à Abydus, à Latopolis, sont les palais que les rois
ont habités, ou fes rempíes íes plus remarquables, et que ce sont
ces mêmes monumens qui avoient été décrits parHécatée, Diodore
et Strabon ; if ne peut y avoir rien de plus important pour f histoire
des arts, que fa connoissance des grands modèles qui ont
excité fadmira'tion des Grecs et développé leur génie.
On s’est appliqué à limitation exacte des sculptures innombrables
qui décorent ces édifices. Les dessins des bas-refiefs représentent
fes objets fes pfus variés, et éclairent d’un nouveau jour
fa science de fantiquité : ils se rapportent aux usages de fa guerre,
aux Cérémonies religieuses, aux faits astronomiques, au gouvernement,
aux coutumes publiques, aux moeurs domestiques, à
fagricufture, à la navigation, et à tous les arts civils. On s’est attaché,
dans un grand nombre de ces dessins, à transcrire exactement » O 7
les caractères hiéroglyphiques; et fon a conservé non-seufement
les formes individuelles, mais encore l’ordre et la disposition respective
de ces, signes. On a recueilli fes inscriptions anciennes qui
intéressent fa littérature et l’histoire. On a imité avec soin fes
couleurs qui ornent encore plusieurs monumens, et qui semblent
n’avoir rien perdu de leur premier éclat.
Aux plans topographiques, aux vues pittoresques, aux planches
d’architecture, aux dessins des bas-reliefs, on a joint une description
étendue, et l’on' y a rassemblé toutes les observations utiles
que fe dessin ne pouvoit transmettre. Ces descriptions contiennent
les résultats, d'un examen prolongé et en quelque sorte authentique,
auquel plusieurs témoins ont toujours coopéré; elfes ont
pour but de faire bien eonnoître fétat actuel des monumens et les
dégradations que le temps a causées, l’espèce des matières que
l’on a employées, et plusieurs circonstances dignes d’attention :
on y trouve des remarques variées sur l’architecture, sur les procédés
de la construction, les couleurs, les formes et l’usage des
objets représentés; sur la nature du soi, les changemens qui résultent
des inondations périodiques, et sur diverses questions qui
netoient point assez étendues pour être traitées dans des mémoires
séparés.
On a décrit avec le même soin les sépultures magnifiques des
anciens rois de Thèbes-, les grottes funéraires où fa piété domestique
séfforçoit de perpétuer le souvenir et les dépouilles mortelles
des ancêtres, et les autres hypogées qui semblent avoir été
destinés à des cérémonies ou à des études mystérieuses. Les
fameuses pyramides de Memphis offrent moins dintérêt sous le
rappoat. des beaux-arts ; mais d autres motifs dévoient porter à soumettre
aux recherches les plus attentives ces vastes monumens,