
du b o n h eu r de re v o ir leu rs c om p a gn on s d ’a rm e s ; et le sp e c ta c le
tou ch ant qu ’o ffrit cette r é u n io n , ne s ’effa ce ra jam a is de le u r Souv
en ir : iis s’entretenoient des dangers qu iis avo ien t c o u r u s , de la
con fian c e qu e leu r in sp iro it le u r auguste C h e f , de leu rs voe u x ,
de leu rs e sp é ran c e s ; il sem b lo it qu e l ’E g y p te fu t p o u r e u x u n e
n o u v e lle p a tr ie , et q u ’iis n e com p o sa s sen t tous q u ’u n e seule fa mille.
Peu de temps après, ie Général en chef reconnut, à divers mou-
vemens qui avoient lieu dans l’intérieur, que le projet d’invasion
ailoit éclater. En effet, les Mamiouks descendirent sur les deux
rives du Nil, et les Arabes de l’occident se rassemblèrent pour
se joindre à Mourad, vers.la vallée des lacs de Natron, en même
temps qu’une flotte se môntroit dans la baie d’Aboukir. Ces dispositions
combinées avoient été prévues, et Iennemi fut attaqué
dans le même temps par-tout où il se présenta. Une colonne mobile
dispersa les Arabes. Les Mamiouks du parti d’Ibrahim, surpris
dans leur camp, s’enfuirent précipitamment dans le désert,
abandonnant leurs bagages. Mourad, plus circonspect, s’empressa
de regagner la haute Egypte. Le Général en chef lui-même étoit
à sa poursuite, lorsqu’il fut informé de l’apparition de la flotte
ennemie. II se dirigea aussitôt vers Alexandrie; et pendant cette
marche, il expédia les ordres les plus prompts aux divers corps
de l’armée, qui se mirent tous en mouvement à-Ia-fois : il fit observer
et contenir les Mamiouks et les Arabes, et se tint à portée de
secourir Alexandrie ou Rosette.
Des troupes Ottomanes étoient descendues sur la presqu’île
dAboukir et s y etoient établies, après avoir enlevé la redoute et
obtenu la reddition du fort : le Général en chef se décida aussitôt
à les attaquer dans leurs retranchemens. II n’y eut aucune de ses
dispositions qui ne fut couronnée d’un prompt succès; les lignes
ennemies ne purent résister aux efforts impétueux et renouvelés
des Français. Les Ottomans, animés par le désespoir, se défen-
doient à 1 arme blanche, et presque tous refusoient de se rendre
prisonniers : mais, enveloppés de foutes parts, ils succombent;
ou, se précipitant dans la mer, ils s’efforcent en vain de rejoindre
les vaisseaux qui les ont amenés. Un grand nombre d’entre
eux périt sur le champ de bataille; la plupart trouvent la mort
dans les flots, sous le feu de notre artillerie. On s’empare des
canons, des tentes, et des munitions de guerre; le pâchâ qui com-
mandoit cette expédition, tombe lui-même en notre pouvoir. Le
fils de cet infortuné général s’enferme dans le fort avec le reste de
ses troupes, et entreprend la défense la plus opiniâtre. Enfin les
derniers soldats de cette armée, voyant leur asile détruit par les
batteries Françaises, et expirant de faim, de soif et de fatigue,
jetèrent leurs armes et implorèrent le vainqueur. Le fort n’étoit
plus qu’un amas de ruines, couvert de mourans et de blessés, et
des corps de ceux qui avoient péri pendant le siège.
Pendant que ces actions mémorables se passoient en Syrie et en
Egypte, et que l’armée d’Orient défendoit avec constance la terre
célèbre qu elle avoit conquise, la France étoit livrée aux dissensions