en est résulté pendant quelque temps beaucoup de confusion dans la
détermination de ces singuliers entomolithes.
On sent que des êtres aussi remarquables, enfouis presque seuls dans
les couches les plus profondes de la terre, ont dû exciter les recherches
des naturalistes : aussi le nombre des mémoires, des dissertations, etc.,
qu’on a écrits sur ces animaux est-il déjà très-considérable; nous compterions
plus de vingt notices publiées depuis L uyd, qui en a parlé le
premier, jusqu’à M. S c h lo t h e im , qui vient dernièrement ( en 18 10 )
d’en faire connaître une espèce nouvelle (i).
Néanmoins la manière d’étudier les pétrifications est si différente
actuellement de ce qu’elle était il y a vingt ans, qu’on peut, en
reprenant cet ancien sujet, trouver encore des faits nouveaux susceptibles
de faire avancer la géologie. On a vu dernièrement comment
l’examen de quelques coquilles avait fait connaître une classe toute entière
de terrains immenses dont l’existence était à peine soupçonnée
par les géologues. En appliquant successivement à toutes les pétrifications
renfermées dans les couches de la terre cette nouvelle manière de
les considérer, on peut espérer d’arriver à des résultats aussi intéressans
par eux-mêmes que propres à diriger dans la recherche des matières
minérales utiles.
Cette méthode consiste à s’attacher pour ainsi dire minutieusement à
deux points pendant long-temps négligés : la détermination précise des'
espèces, et la distinction exacte des couches de la terre dans lesquelles
chaque espèce est renfermée.
C’est sous ce double point de vue que j ’ai étudié l’espèce de pétrification
dont il va être question dans ce Mémoire ; presque tous les naturalistes
qui en ont traité, à l’exception de M. S c h lo th e im (2), ont négligé
ces deux considérations.
Mon but sera donc : 1 0 de faire voir qu il y a eu un assez grand nombre
d’animaux confondus sous le nom d’entomolitlius paradoxus ou de
(1) Depuis lors ( i8i 5) , M. Wahlenberg et M. Latreille ont publié, le premier, une
Description des entomolithes de Suède ; le second, un Mémoire sur la place qu’on peut assigner
à ces animaux parmi les invertébrés. . . .
(2) Et de M. "Wahlenberg, dont le travail inséré dans le tome vm des Acta societatis tvgioe
scienliarum Vpsaliensis, n’est venu à ma connaissance qu’en i 8iq.
Trïlobites, de distinguer et de décrire aussi nettement qu’il me sera possible
les espèces qui composent cette famille; 2° de chercher à quelle
classe, à quel ordre même du règne animal on peut rapporter ces êtres
singuliers; 3° de montrer que plusieurs de ces espèces sont propres à
des terrains dont la formation appartient à des époques différentes.
Le nombre des écrits qui ont été publiés sur ces corps fossiles est,
comme je viens de le dire, déjà très-considérable : ce n’est pas ici le
lieu de les analyser ; je ne les citerai même que pour donner à mes déterminations
et à mes conclusions tout le degré d’exactitude ou de certitude
qu’elles peuvent comporter ; mon objet principal étant de faire
connaître avec précision ce que j’ai observé par moi-même.
A R T IC L E P R E M IE R .
CARACTÈRES DES TRILOBITES.
Détermination des genres, et description des espèces.
Malgré les différences considérables qui existent entre plusieurs des
corps auxquels on a donné d’abord le nom à!Entomolithes et ensuite
celui de Trilobitès, on reconnaît néanmoins entre eux des points de ressemblance
importans et propres à caractériser une famille très-naturelle.
Leur corps, comme dans la plupart des insectes et dans quelques crustacés,
peut être divisé transversalement en trois parties principales. Mais
ce qu’ils présentent tous de caractéristique, ce qui les distingue essentiellement
de tous les animaux connus, c’est leur division longitudinale
en trois parties ou lobes, par deux sillons profonds et parallèles
à l’axe du corps : cette structure remarquable a frappé tous les observateurs.
D’abord on n’a remarqué que les queues, et les prenant pour des
coquilles, on leur a donné le nom de concha triloba. On a ensuite
transporté cette désignation aux animaux entiers en les appelant Trilo-
bites, dénomination qui a été donnée premièrement par K n o r r , et
ensuite employée d’une manière systématique par B r Ün n ich et Blu-
MENBACH.
Je leur conserverai cette dénomination comme nom de famille.